<15>chements. M. de Fouqué défendait les gorges de Landeshut contre M. de Ville, avec dix mille hommes; l'Autrichien en avait vingt mille. L'armée du Roi, qui campait à Schmuckseiffen, était de quarante mille combattants; celle du maréchal Daun, de soixante-dix mille hommes. Quelles que fussent ces circonstances, le cas était pressant : il fallait assembler une armée pour couvrir la Marche de Brandebourg. Il y avait tout lieu de supposer que les coups se porteraient de ce côté, ou bien en Silésie. D'autre part, les Autrichiens gardaient des ménagements pour la ville de Dresde, à cause du séjour qu'y faisait la famille royale. Il était donc à présumer qu'un homme ferme, dans cette place, la soutiendrait assez de temps, pendant l'absence de l'armée, pour qu'elle pût y revenir pour le dégager, s'il était attaqué.

Après avoir mûrement réfléchi sur cet article, il fut résolu que le prince Henri viendrait à Sagan avec seize bataillons et vingt-cinq escadrons, auxquels on joindrait le détachement du prince de Würtemberg, formé de quinze escadrons et de six bataillons; que S. A. R. prendrait le commandement de l'armée du Roi, comme étant le seul à qui on pût la confier; et que le Roi se mettrait à la tête du corps qu'on assemblerait à Sagan, pour le mener incessamment à la défense de ses États. Il comptait de s'y faire joindre par M. de Wedell. S. A. R. arriva pour sa personne le 28 à Schmuckseiffen, et le Roi se rendit le 29 à Sagan. Le sieur Loudon avait déjà longé dans cette partie les frontières de la Silésie, et quoique le Roi le fît observer, les officiers prussiens y furent trompés de la manière suivante. M. de Hadik avait suivi le prince Henri, et s'était joint à Sorau avec Loudon. Loudon continua son chemin; un régiment de hussards qui avait toujours été affecté à son corps, demeura avec Hadik. Cela fit croire aux officiers qui allaient à la découverte, que le corps de Loudon s'y trouvait en entier; sur quoi le Roi, marchant à Christianstadt, y apprit qu'on lui avait donné le change, car Loudon venait d'arriver le même jour à Guben. Cela l'obligea de continuer sa marche, et il gagna encore le même jour Sommerfeld. La cavalerie prussienne donna sur celle de Hadik, qui suivait Loudon, et elle fut poussée jusqu'à Guben. M. de Loudon partit le même soir pour gagner Francfort; le Roi se campa à Niemitzsch sur les