<152>orientales, où ils ruinèrent les établissements importants que la compagnie française y possédait. La négociation de M. de Bussy n'avançait guère à Londres. M. de Choiseul, pour leurrer les Anglais, donnait à M. Stanley les espérances les plus flatteuses, qui étaient aussitôt démenties par les explications que M. de Bussy savait leur donner.

Cette escarmouche politique dura jusque vers la fin de l'année 1761, que les conférences furent reprises avec plus de chaleur. La France, dont l'intention était de duper l'Angleterre, commençait à s'apercevoir qu'elle ne réussirait pas; elle voulait ne rien perdre, et faire une paix plus avantageuse que le sort de la guerre ne lui permettait de l'espérer; et comme l'artifice de la négociation n'était pas suffisant pour mener les choses à ce point, elle jeta les yeux sur l'Espagne, que M. de Choiseul eut l'adresse d'engager dans ses intérêts. Cette alliance pouvait en imposer aux Anglais, ou, supposé qu'elle ne fît pas cet effet, l'assistance de cette couronne servait toujours à pousser la guerre avec plus de vigueur et de succès.

Le moyen dont M. de Choiseul se servit pour disposer le roi d'Espagne à embrasser les intérêts de la France, ne réussirait pas partout également. C'était le projet de ce fameux pacte de famille, qui, loin d'unir ces couronnes, devait au contraire aliéner à jamais l'esprit des Espagnols de tout traité avec la France. Nous nous contenterons d'en rapporter les points principaux. Il y est dit : « que les deux branches de la maison de Bourbon seront désormais regardées comme la même; que les sujets des deux couronnes jouiront réciproquement des mêmes avantages; qu'en tout temps on fera cause commune; en conséquence de quoi le roi d'Espagne déclarera la guerre à l'Angleterre, si cette puissance refuse de lui faire raison sur de certains griefs, comme sont la coupe du bois de Campêche et quelques pirateries commises par les armateurs anglais; que l'Espagne, en même temps, attaquera le roi de Portugal; et, ce qu'il y a de plus extraordinaire, que les deux branches de la maison de Bourbon étant considérées comme la même maison, leurs conquêtes et leurs pertes seront communes, de sorte que les avantages de l'une compenseront les pertes de l'autre. »