<16>bords de la Neisse. Vers la pointe du jour, on aperçut deux colonnes qui venaient de Guben, et qui filaient sur le chemin de Cottbus. La cavalerie passa d'abord la rivière; on engagea à la hâte une affaire d'arrière-garde, où le régiment de Würzbourg impérial, fort de treize cents hommes, fut entièrement fait prisonnier. Les hussards poursuivirent l'ennemi, et lui enlevèrent six cents caissons de vivres, dont toute l'escorte fut dispersée. Dans d'autres occasions, ces avantages auraient pu avoir des suites; dans celle-ci, c'était de la peine perdue, parce que le but de l'expédition était manqué, et qu'il n'était plus possible d'empêcher la jonction des Autrichiens et des Russes à Francfort. Le Roi se mit le lendemain en marche. M. de Wedell eut ordre de joindre l'armée à Mullrose, ce qui lui était facile depuis que les Russes avaient quitté Crossen, et qu'il n'avait plus personne en tête. Les troupes du Roi prirent le chemin de Beeskow, d'où l'infanterie se rendit en droiture à Mullrose. Ce prince et sa cavalerie prirent par Neubrück, sur le canal qui communique de l'Oder à la Sprée. Il y trouva les ponts rompus, et, à l'autre bord, les dragons de Löwenstein, qui se préparaient à en disputer le passage. Ces obstacles n'étaient pas aussi considérables qu'ils le paraissaient. Ce canal est rempli de gués; la cavalerie prussienne les passa; elle fondit en même temps sur les dragons autrichiens postés dans ces bois, qui furent défaits et poussés jusqu'aux faubourgs de Francfort. De là le Roi rejoignit son infanterie à Mullrose, amenant trois cents prisonniers que l'on avait faits du régiment de Löwenstein. M. de Wedell y arriva le 4. M. de Finck, qui était demeuré aux environs de Torgau après le départ du prince Henri, inutile dans cette partie, et ne pouvant pas couvrir seul la Saxe avec les dix mille hommes qu'il commandait, reçut également ordre de joindre l'armée. Le Roi rassemblait le plus de forces qu'il pouvait, parce qu'il était obligé de se dépêcher. Il fallait battre les Russes le plus tôt qu'on pourrait en venir aux mains, pour accourir à temps à la défense de la Saxe, qui étant, aux places près, vide de troupes, laissait les chemins ouverts à l'armée de l'Empire pour pénétrer jusqu'à Berlin si elle le voulait. Afin donc d'être plus à portée d'attaquer les Russes, l'armée quitta les environs de Mullrose, et prit un camp