<179>réchal de Soubise, qui craignit pour Ziegenhayn, y fit marcher MM. de Guerchy et de Rochambeau pour faire la navette de cette place à Melsungen, et pousser des partis sur les derrières des alliés. Le prince Ferdinand envoya contre eux mylord Granby, qui les battit auprès du château de Homberg.
A mesure que les alliés étendaient leur droite, les Français étendaient leur gauche. Cependant les deux maréchaux, s'apercevant qu'ils dégarnissaient trop leur position, rappelèrent le comte de Lusace de Gottingue, pour remplir les vides de leurs campements, et ils le placèrent avec son corps à Lutterberg. Le prince Ferdinand, observant que les Saxons étaient presque isolés dans ce poste, chargea M. de Gilsa de les y attaquer. Ce général, à la tête de seize bataillons, passa à gué la Fulde. Au commencement de l'action, les Saxons se défendirent; mais sur ce qu'ils s'aperçurent qu'une de leurs redoutes était emportée, ils lâchèrent le pied et s'enfuirent à vau-de-route. Le maréchal d'Estrées survint à leur secours, et les empêcha d'être entièrement défaits. M. de Gilsa repassa prudemment la Fulde, pour ne point se compromettre avec le nombre des ennemis, qui s'augmentait et s'accroissait à chaque moment. Ces tentatives différentes firent juger au prince Ferdinand que le moyen le plus aisé et le plus sûr pour vaincre les Français était de les obliger à s'étendre davantage, et, plein de cet objet, il détacha M. Luckner du côté de Hersfeld. Ce partisan prit Fulde, Amonebourg, et nombre de petits châteaux situés sur la grande route de Cassel à Francfort. Cette expédition, promptement exécutée, fit ressentir des effets fâcheux aux maréchaux français, parce qu'elle rendit leur situation gênante à l'égard de leurs subsistances, qu'ils tiraient en grande partie du Main.
M. de Soubise se flatta de rétablir ses affaires en portant quarante bataillons sur l'Éder pour occuper le poste de Schwalm. M. de Luckner, soutenu par mylord Granby, contraignit ce corps à repasser la Fulde. Sur cela, M. de Soubise arriva lui-même; il passa l'Éder, et s'établit au Heiligenberg. Comme on ne pouvait pas attaquer les Français dans cette position, le prince Ferdinand laissa mylord Granby au Falkenberg, et se porta avec son armée au confluent de l'Éder et de la Fulde. Dans l'embarras où les