<203>depuis l'échec que le maréchal Daun venait de recevoir; il fit, pour cette raison, une tentative pour obtenir une bonne capitulation et la sortie libre de sa garnison. Durant que cette négociation s'entamait, M. Loudon faisait adroitement tomber entre les mains des Prussiens des émissaires chargés de lettres pour le gouverneur, qui contenaient toutes de grands projets que l'armée impériale voulait exécuter pour sa délivrance. Mais quelque envie que le Roi eût de prendre cette ville promptement, deux raisons l'empêchaient de consentir à la capitulation que M. de Guasco lui offrait. La première raison venait de ce que M. Loudon avait écrit, l'année précédente, en termes positifs au margrave Charles, chargé de la correspondance de l'armée, touchant l'exécution du cartel, que sa cour se croyait dispensée de tenir sa parole et de remplir ses engagements vis-à-vis du roi de Prusse, tant pour l'échange des prisonniers que pour quelque objet que ce fût. On fit valoir cette réponse à M. de Guasco, et on lui répondit que la parole qu'il offrait pour lui et pour sa garnison, de ne point servir d'une année contre les troupes du Roi, ne pouvait point être acceptée, après la déclaration formelle de la cour de Vienne contenue dans la lettre impertinente de M. Loudon. La raison la plus solide, et qu'on dissimulait, était que c'aurait été commettre une faute capitale que de laisser sortir dix mille hommes d'une place qu'on allait prendre en se donnant un peu de patience, parce que, si l'on rendait cette garnison aux Impériaux, leur armée se trouverait de dix mille hommes plus forte, et celle du Roi, affaiblie au moins par quatre mille hommes qu'il fallait mettre en garnison dans cette place; ce qui rendait en tout l'armée prussienne de quatorze mille hommes inférieure à celle de l'ennemi. On rompit cette négociation, et le siége continua d'aller son train ordinaire.

Le Roi s'y rendit en personne le 20 de septembre, pour que les opérations se poussassent avec plus de vigueur. Lefebvre faisait de la part des Prussiens les fonctions d'ingénieur en chef; il avait en tête un des premiers ingénieurs du temps, nommé Gribeauval, qui défendait la place. Lefebvre voulut crever les mines des assiégés, en faisant usage de la nouvelle invention du globe de compression. Gribeauval lui en éventa deux; cela lui fit perdre