<205>Nous avons laissé ce prince occupé à déranger les projets de M. Serbelloni, et M. de Seydlitz aux mains avec les troupes des cercles, qu'il poussa du Voigtland jusqu'au margraviat de Baireuth. S. A. R. voulut tirer raison des insultes que les ennemis avaient tenté de faire à ses postes. Comme toutefois elle ne pouvait les brusquer dans les postes formidables où ils étaient solidement établis, elle se proposa de prendre sa revanche par le moyen des diversions qu'elle comptait faire en Bohême. Dans cette vue, M. de Kleista franchit le Basberg, et sema la terreur dans le cercle de Saatz. Cette alarme parvint bientôt à M. de Serbelloni, qui envoya M. Blonquet, à la tête de quatre mille hommes, au secours de la Bohême. Ce général fit retrancher le chemin d'Einsiedel, où il plaça quelque monde, et s'établit à Dux avec le gros de sa troupe. D'autre part, l'armée des cercles s'était rapprochée d'Oelsnitz, d'où elle voulait prendre le chemin de Schneeberg et longer les frontières de la Saxe dans l'intention de se joindre à M. Blonquet. M. de Kleist, qui était à peine revenu de la Bohême, fut obligé d'y retourner pour faire avorter ce dessein; il rassembla près de Porschenstein le détachement qui devait servir sous ses ordres; il força le retranchement d'Einsiedel, et y prit quatre cents hommes et un canon. De là il donna sur les dragons de Batthyani, qui venaient au secours des troupes qu'il avait battues, et les mit en déroute; ensuite il poursuivit M. Blonquet, qui à son approche se retira de Dux à Teplitz. Il l'y laissa, et vola vers le Basberg, où il se mit sur le flanc de l'armée des cercles, qui se replia sur-le-champ sur Annaberg, puis sur Hof, et enfin sur Baireuth.
Le prince Henri résolut sur cela d'envoyer en Bohême un corps plus considérable, et de profiter de l'absence des troupes des cercles pour frapper un coup d'éclat. Son dessein était de chasser l'ennemi de Teplitz, et de se rendre maître d'Altenberg, pour tourner par ce moyen le poste de Dippoldiswalda; et il aurait forcé les Impériaux à l'abandonner. M. de Seydlitz, qui fut chargé de l'exécution de ce projet, se contenta de laisser après son départ M. de Schulenbourg, avec cinq cents chevaux, vis-à-vis
a Frédéric-Guillaume-Godefroi-Arnd de Kleist, né en 1788, nommé général-major le 19 mai 1762. Voyez t. IV, p. 162 et 234, et ci-dessus, p. 32 et 155.