<213>campagne. La saison, qui devenait fort rude, obligea d'assigner des quartiers de cantonnement aux troupes.
Les préliminaires de la paix furent signés vers ce temps-là entre les Français et les Anglais. Les Anglais, dont la conduite avait été si odieuse depuis que M. Bute avait eu l'administration des affaires, abandonnèrent entièrement les intérêts du Roi dans le cours de cette négociation; ils consentirent même à ce que les Français demeurassent en possession du duché de Clèves et de la principauté de Gueldre. Ce si lâche abandon obligea le Roi à chercher des moyens propres à réduire la cour de Vienne à faire une paix équitable. Les princes de l'Empire étaient las de la guerre; ils voyaient l'armée française prête à repasser le Rhin. Il parut que ce serait le temps de les réduire à la neutralité et par conséquent d'isoler tout à fait l'Impératrice-Reine. Dans cette vue, M. de Kleist fut envoyé dans l'Empire avec son corps. Il s'empara de Bamberg. De là il fut bientôt à Nuremberg, qu'il prit par capitulation. Ses hussards parurent aux portes de Ratisbonne; la diète en fut troublée dans ses délibérations. Plusieurs députés remplis d'épouvanté prirent la fuite. Le duc de Würtemberg, quoique éloigné, fut sur le point de se sauver en Alsace. Enfin cette incursion opéra un si bon effet, que les électeurs de Bavière et de Mayence, et les évêques de Bamberg et de Würzbourg demandèrent la paix, en promettant de retirer d'abord le contingent qu'ils avaient à l'armée des cercles. Le seul moyen d'éteindre l'embrasement de l'Allemagne était d'écarter les matières combustibles qui pomaient nourrir cet incendie. M. de Kleist, après la fin de cette belle expédition, ramena, au commencement de janvier, ses troupes en Saxe; on tira un cordon le long de la Triebisch et de la Mulde, qui s'étendait de Sayda à Meissen. D'autres corps furent répandus à Chemnitz, Zwickau et Géra, le long des frontières de la Bohême, et le gros de l'armée fut distribué depuis Soi au jusqu'aux extrémités de la Thuringe.
Nous croyons de n'avoir rien omis, dans le récit de cette campagne, des opérations de guerre, pour peu qu'elles fussent dignes d'être rapportées. Si nous n'avons pas parlé de la guerre du Portugal, c'est qu'un historien est embarrassé quand il n'a rien à dire.