<216>le contenu portait que ce prince, ayant à cœur la tranquillité de l'Europe, avait employé tous ses soins pour la rétablir, et que, pour cet effet, il avait fait sonder les intentions de l'Impératrice-Reine, et l'y avait trouvée toute disposée; que, ne s'agissant que du concours de Sa Majesté Prussienne pour terminer les différends des puissances belligérantes, il priait Sa Majesté de vouloir s'expliquer envers lui sur ce sujet,
Après cette lecture, le Roi rappela à M. de Fritsch toute la conduite que la cour de Vienne avait tenue pendant cette guerre; que ses anciens usages étant de faire la paix la dernière de ses alliés, comme l'histoire en fournissait tant d'exemples, il n'était point apparent qu'elle en eût à présent l'intention sincère; que cependant, pour ne point avoir à se reprocher d'avoir rejeté des ouvertures qui pourraient mener à terminer cette funeste guerre, par cette considération seule le Roi lui déclarait que, quelques raisons qu'il eût de demander des indemnisations pour les cruautés et les ravages qu'on avait commis dans les provinces de sa domination, il s'en désistait par amour de la paix, à condition toutefois qu'aucun de ses ennemis n'insisterait de son côté sur de pareilles indemnisations, parce qu'il était très-résolu de ne point perdre par un trait de plume ce qu'il avait défendu jusqu'alors, et ce qu'il était encore très-en état de défendre par l'épée; et il ajouta : « Si donc la maison d'Autriche a réellement dessein de négocier avec moi, il faut, pour prévenir toute équivoque et toute interprétation ambiguë, que nous convenions préalablement des principes que nous admettrons de part et d'autre; et je n'en vois que trois qui puissent conduire cet ouvrage à une fin désirable, savoir : qu'on fasse une paix équitable, où aucune des parties contractantes ne soit lésée; que les conditions en soient honorables pour ceux qui y concourent; et qu'elle soit cimentée par des mesures assez solides pour qu'elle puisse être durable. »
M. Fritsch comprit par la réponse du Roi qu'il devait surtout guérir l'esprit de ce prince de la méfiance qu'il nourrissait contre les intentions sincères de la cour de Vienne. Pour achever de le convaincre tout à fait des bonnes dispositions où l'Impératrice se trouvait pour la paix, il lui communiqua une relation de Vienne