<218>Prusse sur le champ de bataille, comme à peu près deux champions abandonnés de leurs seconds dans un combat à outrance. Voilà pour les raisons politiques.

Celles que l'intérieur de l'État fournissait, n'étaient pas moins fortes : c'était le découragement des mauvais succès de la dernière campagne, les difficultés infinies d'amasser des fonds pour fournir à la dépense de la guerre, la mésintelligence des généraux, les brouilleries des ministres, les dissensions domestiques de la famille impériale, la santé chancelante de l'Empereur, et peut-être encore ce dilemme, si, l'Impératrice n'ayant pu réussir, avec tant d'alliés, à rabaisser et à détruire la Prusse, il n'y avait pas moins d'apparence que jamais d'en venir à bout, lorsqu'elle était seule et privée de tant de secours.

Les raisons de guerre étaient tout aussi puissantes que celles que nous venons d'alléguer. La ville de Dresde était mal approvisionnée; les magasins de la Bohême se trouvaient en partie vides, ou ruinés par l'incursion de M. de Kleist. Cela devait faire craindre naturellement, à Varsovie aussi bien qu'à Vienne, que la ville de Dresde ne fût reprise par le Roi dès le commencement de la campagne prochaine, et par conséquent que la Bohême ne devînt, sinon le théâtre de la guerre, au moins celui des incursions des troupes prussiennes.

Toutes ces raisons persuadèrent le Roi que la cour de Vienne désirait sincèrement le rétablissement de la paix. Après avoir bien examiné ces choses et y avoir mûrement réfléchi, le Roi donna au sieur Fritsch une réponse favorable, et le chargea en même temps d'une lettre pour le Prince électoral, dans laquelle il le remerciait des soins qu'il s'était donnés pour concilier les esprits, en l'assurant que, de son côté, il contribuerait avec plaisir, autant que le permettrait sa gloire, au rétablissement de la paix.

Peu de jours après, le Roi partit de Meissen : il fit la tournée de son cordon sur les frontières de la Bohême et de l'Empire, d'où il se rendit à Leipzig, pour y établir son quartier durant l'hiver. M. Fritsch s'y présenta peu de jours après l'arrivée du Roi; il y vint muni de la réponse que la cour de Vienne avait donnée aux principes que l'on voulait établir pour base de la négociation. Ce mémoire était chargé de nombre d'expressions emphatiques, énig-