<219>matiques, obscures et inintelligibles pour tout autre que pour le comte Kaunitz même. Le comte Flemming, ministre de Saxe à Vienne, avait par bonheur commenté ce texte par une longue lettre où il expliquait le sens ténébreux du style de la chancellerie autrichienne; il donnait de fortes assurances de la droiture des sentiments de l'Impératrice, et du consentement qu'elle donnait à toutes les restitutions qu'on pouvait exiger d'elle, en faveur de l'état déplorable où l'électorat de Saxe se trouvait réduit; il avertissait cependant par précaution qu'on devait s'attendre de la part des Autrichiens à quelques chicanes et à quelques circonlocutions pour la forme, parce que la dignité impériale exigeait qu'on fît tout de mauvaise grâce, et qu'on amusât le terrain par des difficultés inutiles, avant de convenir définitivement des conditions que dès lors la cour de Vienne acceptait tacitement. Après cette réponse, les parties étaient d'accord ensemble pour le fond, et la paix pouvait se conclure sur le pied que le Roi le désirait.

De son côté, bien des raisons concouraient à lui faire préférer des conditions de paix modestes et modérées à d'autres plus avantageuses. Il était d'autant moins à propos de rehausser ces conditions, dans l'état où se trouvaient les choses, qu'on n'aurait obtenu des dédommagements que par des victoires, et que l'armée se trouvait trop ruinée et trop dégénérée pour qu'on pût s'en promettre des exploits éclatants. Les bons généraux se faisaient rares, et l'on en manquait pour conduire les détachements. Les vieux officiers étaient péris dans tant d'occasions meurtrières où ils avaient combattu pour la patrie. Les jeunes officiers, à peine sevrés, étaient dans un âge si débile, qu'on ne pouvait pas s'attendre à de grands services de leur part. Ces vieux soldats respectables, ces chefs de bandes n'existaient plus, et les nouveaux dont l'armée était composée, consistaient, le grand nombre, en déserteurs, ou dans une jeunesse faible, au-dessous de dix-huit ans, incapable de soutenir les fatigues d'une rude campagne. D'ailleurs, beaucoup de régiments, ruinés à différentes reprises, avaient été formés trois fois pendant la guerre; de sorte que les troupes, dans l'état où elles étaient, ne pouvaient s'attirer la confiance de ceux qui devaient les commander. D'ailleurs, à quels secours le Roi pouvait-il s'attendre en continuant la guerre? Il se