<22>à la vérité de forcer les gorges de Landeshut, mais il prit le chemin de Friedland, où l'on n'avait pas jugé à propos de lui présenter des obstacles, par les raisons que nous allons voir. M. de Ville descendit tranquillement dans les plaines de Schweidnitz; sur quoi M. de Fouqué établit des corps à Friedland et à Conradswaldau, par où les Autrichiens étaient obligés de tirer leurs vivres. M. de Ville manqua bientôt du nécessaire : il se vit forcé de retourner en Bohême, et attaqua le poste de Conradswaldau, où il fut repoussé avec perte de treize cents hommes et de tout son bagage; et en prenant des chemins détournés, il se trouva heureux d'avoir regagné Braunau.

Le maréchal Daun, de son côté, avait quitté Marklissa et s'était porté sur Pribus. S. A. R., qui ne voulait pas le quitter de vue, marcha à Sagan, d'où elle détacha M. de Zieten à Sorau pour observer de plus près l'ennemi. Le maréchal Daun, que les Russes pressaient d'agir, se proposa d'enlever ce corps en faisant marcher deux colonnes à la droite et à la gauche des Prussiens, couvertes par de grands bois, et qui devaient se joindre à un défilé entre Sorau et Sagan, pour leur couper la retraite. Mais M. de Zieten prévint le maréchal; il se replia à temps sur l'armée de S. A. R., sans faire de pertes. Le prince Henri n'était pas dans une situation à pouvoir entreprendre sur les Autrichiens; il convenait moins que jamais de hasarder une bataille, après en avoir perdu deux cette année. Son dessein étant toutefois d'éloigner le maréchal Daun des Russes et de l'électorat de Brandebourg, il jugea que le meilleur expédient pour y réussir serait de détruire les magasins que les ennemis avaient sur leurs derrières. Il exécuta ce dessein avec toute la célérité et toute l'habileté possibles; il quitta Sagan, et marcha par Lauban à Görlitz. M. de Ville y était accouru en hâte; le Prince ayant fait mine de l'attaquer, ce général autrichien, devenu timide depuis l'affaire de Conradswaldau, se retira à Reichenbach. C'était ce que le Prince désirait, et il fit partir sur-le-champ un corps pour la Bohême, qui ruina à Böhmisch-Friedland le magasin des ennemis. Un autre détachement se rendit par Zittau à Gabel, prit prisonniers six cents hommes qui s'y trouvaient en garnison, et détruisit le considérable amas que les Autrichiens y avaient accumulé. L'heureux succès de cette