<23>expédition fit rétrograder le maréchal Daun; si alors la ville de Dresde ne se fût pas rendue de la façon la plus infâme, les Impériaux se trouvaient forcés de retourner en Bohème; mais la réduction de cette capitale, les mettant en possession des grands magasins que les Prussiens avaient dressés, leur permit de s'établir à Bautzen.
Le départ de l'armée autrichienne, la disette de fourrage que les Russes commençaient à sentir, leur firent abandonner leur position de Francfort; ils marchèrent en Lusace, et se campèrent à Lieberose. L'armée du Roi les suivit par Beeskow; de là elle s'avança sur Waldow. M. de Hadik, qui était en marche pour s'y rendre, se replia à l'approche des Prussiens, de sorte que le Roi y prit une position avantageuse derrière des marais, d'où il coupait aux Russes les subsistances qui devaient leur être livrées de Lübben et des lieux circonvoisins. Dresde était assiégée alors, sans cependant qu'il y eût de tranchée ouverte. Sa Majesté y envoya un détachement aux ordres du général Wunsch. Cet habile officier surprit Torgau en chemin, et il arriva devant Dresde le jour que M. de Schmettau en signait la capitulation. Il serait, je pense, superflu de critiquer la conduite d'un homme qui rend une place sans qu'il y ait ni tranchée ouverte, ni brèche : qui ne voit pas que des corruptions avaient préparé d'avance une défense aussi molle et aussi lâche? M. de Wunsch, ne trouvant plus rien à faire de ce côté-là, se replia sur Torgau. Les troupes de l'Empire étaient venues pour reprendre cette ville : Wunsch passe l'Elbe avec une poignée de monde, se glisse dans les vignes, de là il fond sur les cercles, les bat, leur enlève tout leur camp, et les met en déroute. Sur cette nouvelle, le Roi y envoya M. de Finck avec un renfort de dix bataillons et de vingt escadrons, et ces deux corps joints ensemble s'avancèrent jusqu'à Meissen. Ces petits contre-temps firent rappeler M. de Hadik de l'armée des Russes; il traversa la Lusace, passa l'Elbe à Dresde, et, joint aux troupes des cercles, il marcha droit à M. de Finck. Une partie des Autrichiens attaqua M. de Wunsch, posté à Siebeneichen, près de Meissen; le gros de la troupe passa la Triebisch à Munzig, et se présenta sur le flanc droit de M. de Finck. Ce général ne balança point; il attaqua les ennemis, les battit, leur prit du