<33>saient de même dans leur camp de Plauen, et c'est peut-être le premier exemple parmi les modernes, que deux armées aussi proches l'une de l'autre aient tenu la campagne durant un hiver aussi rigoureux. Sur la fin de janvier, le Prince héréditaire, ne trouvant plus de lauriers à moissonner en Saxe, retourna en Westphalie rejoindre l'armée des alliés.

Après avoir exposé les événements principaux de cette funeste campagne, il nous reste à dire deux mots de ce que les Suédois entreprirent en Poméranie et dans la Marche-Ukraine. Tant qu'on avait eu des troupes à leur opposer, on les avait facilement contenus, parce que mille fantassins et cinq cents hussards leur paraissaient un corps respectable. Leurs arrangements étaient si vicieux, qu'ils n'avaient ni boulangerie ni caissons pour le pain et la farine, et qu'ils ne subsistaient que par les livraisons qu'ils tiraient des contrées où ils se trouvaient les plus forts. De cette négligence pour les mesures les plus indispensables de la guerre résultaient les plus grands inconvénients pour les opérations que ces troupes devaient faire; de sorte que les généraux prussiens qu'on opposait aux Suédois, ne travaillaient qu'à déranger leurs livraisons; ce qui obligeait ces ennemis, qui ne vivaient qu'au jour la journée, à rétrograder incessamment lorsque les subsistances leur manquaient, et à se rapprocher de leurs frontières. Au commencement de cette année, immédiatement après le départ du comte Dohna, M. de Manteuffela reçut le commandement contre les Suédois, et quoiqu'il n'eût que peu de troupes sous ses ordres, il se soutint jusqu'au mois de septembre, où les malheurs de la journée de Kunersdorf obligèrent le Roi à le rappeler, pour qu'il joignît son armée. L'époque du départ de ce détachement fut celle des progrès des Suédois. Ils occupèrent d'abord Anclam, Demmin et Ukermünde. Le comte Fersen, qui les commandait cette année, s'embarqua à Stralsund à la tête de trois mille hommes, et passa dans l'île d'Usedom. Il attaqua la ville de Swinemünde, défendue par des miliciens. La garnison se retira dans l'île de Wollin, mais la ville fut prise; la Swinemünder-Schanze se rendit peu après aux Suédois. Une poignée de hussards provinciaux qui se trouvèrent à Stettin, furent envoyés par


a Voyez t. IV, p. 197.