<39>sances pussent convenir de leurs intérêts respectifs. C'était proposer la voie la plus lente de toutes celles que les ennemis de la Prusse pouvaient imaginer pour traîner la conclusion de la paix selon que leurs intérêts l'exigeaient, à cause que le conflit d'intérêts entre un si grand nombre de princes demandait de grandes discussions, et qu'on ne pouvait manquer de prétextes pour faire durer cette négociation aussi longtemps qu'on voudrait. Nous en avons un exemple évident que nous fournit le congrès de Munster, qui consuma huit années avant que d'en venir à la conclusion de la paix de Westphalie. Cela ne convenait point au Roi : il devait désirer la prompte fin de ces troubles, parce qu'il avait trop d'ennemis à combattre, de même que la cour de Vienne désirait de les prolonger, parce qu'elle avait beaucoup d'alliés, par l'assistance desquels elle se promettait des conquêtes. La situation des affaires étant donc telle que nous venons de le rapporter, le Roi envoya un émissaire en France pour sonder les dispositions de la cour de Versailles, pour en faire le rapport à lui ainsi qu'au roi d'Angleterre. Il fit choix pour cette commission d'un jeune M. d'Edelsheim, dont le père avait des terres aux environs de Francfort-sur-le-Main, qui ne tenait à rien, qui lui avait été recommandé par la cour de Gotha, et qui par conséquent pouvait s'acquitter mieux de cet emploi qu'un autre, parce qu'il n'était point connu, et ne pouvait donner aucune espèce de soupçon en se produisant à Versailles. Ce jeune homme partit sans prendre de caractère; il fut adressé au bailli de Froulay, ambassadeur de l'ordre de Malte en France. M. d'Edelsheim fut assez bien accueilli à Paris; on lui marqua en termes vagues que sa négociation dépendrait de la façon plus ou moins prompte dont la France pourrait convenir de ses différends avec l'Angleterre; mais qu'ayant appris que le roi de Prusse se proposait d'indemniser le roi de Pologne aux dépens des biens des princes ecclésiastiques d'Allemagne, qu'il prétendait séculariser, on lui déclarait que le Roi Très-Chrétien n'y donnerait jamais son consentement. M. d'Edelsheim vint rapporter cette réponse au Roi, qui était alors à Freyberg, d'où il partit pour Londres, pour la communiquer aux ministres de la Grande-Bretagne. Précisément lorsque cet émissaire arriva à Londres, il y parut un autre phénomène politique, un homme