<40>qu'on n'a jamais pu déchiffrer. Il parut sous le nom de comte de Saint-Germain. Il avait été au service de France, et même si avant dans la faveur de Louis XV, qu'il voulut lui donner le château de Chambord. Cet homme joua le rôle de ministre, il se mêla de négocier sans mission, il tint en même temps des propos injurieux sur madame de Pompadour et sur le duc de Choiseul. Les Anglais le traitèrent en aventurier et le renvoyèrent. Soit que le ministère anglais se méfiât du sieur Saint-Germain, soit que ses conquêtes enflassent ses espérances, soit enfin qu'il ne fût pas content de la déclaration du ministère de Versailles touchant le congrès, il chargea le ministre de la Grande-Bretagne à la Haye, M. Yorke, de dire à M. d'Affry, ministre de France, que le roi de la Grande-Bretagne était prêt à faire la paix, qu'il donnait les mains à l'assemblée d'un congrès particulier, pourvu que la France acceptât pour article fondamental des préliminaires l'entière conservation de Sa Majesté Prussienne. La France répondit qu'elle ne demandait pas mieux que de traiter de ses différends avec l'Angleterre, mais que n'ayant point été en guerre avec la Prusse, elle ne pouvait pas confondre les intérêts de ce prince avec ceux de Sa Majesté Britannique. Cette réponse fit encore perdre le peu d'espérance que l'on avait fondée sur cette négociation.

M. d'Edelsheim, qui avait laissé quelques malles à Paris, retourna de Londres, par la Hollande, en France. Il ne se déguisa point; bien loin de se cacher, il alla chez le bailli de Froulay d'abord après qu'il fut arrivé à Paris. Cet ambassadeur, préoccupé de la sincérité des intentions du roi de France pour le rétablissement de la paix, persuada M. d'Edelsheim de différer son départ de quelques jours pour donner à sa négociation interrompue le temps de se renouer. Qui fut surpris le lendemain, ce fut M. d'Edelsheim, de se voir arrêté par une lettre de cachet, et conduit à la Bastille. Le duc de Choiseul s'y rendit le même jour; il assura le prisonnier qu'il n'avait trouvé que cet expédient pour s'entretenir à son aise avec lui sans donner de l'ombrage au ministre d'Autriche, qui observait tous ses pas; il ajouta que ce lieu étant propre pour une négociation secrète, il l'y retiendrait volontiers pour conférer plus souvent avec lui, et qu'il lui fournirait les moyens de faire parvenir au Roi ses dépêches avec sûreté et