<47>M. de Fouqué pouvait le remplir moins que jamais, après avoir détaché M. de Zietena avec quatre bataillons pour lui assurer au Zeiskenberg sa communication avec Schweidnitz. Dès que M. Loudon fut informé de la position des Prussiens près de Landeshut, il laissa douze mille hommes à Glatz pour en continuer le blocus, et avec le gros de ses troupes il passa par Johannesberg et Wüstengiersdorf, et vint se camper à Schwarzwaldau, dont il délogea les hussards de Malachowski, qui y tenaient un poste d'avertissement. L'occasion était belle pour se faire à peu de frais une grande réputation : Loudon n'avait devant lui que huit mille Prussiens, qu'il pouvait attaquer avec vingt-huit mille hommes; il voulut cependant, pour plus de sûreté, joindre la surprise à la force. La nuit du 23, il s'empara de deux hauteurs sur lesquelles M. de Fouqué avait sa droite. Ces postes importants lui donnèrent la facilité d'établir des batteries qui travaillèrent sur le flanc et à dos des Prussiens. M. de Fouqué défendit vaillamment les postes qui lui restaient. Après avoir perdu beaucoup de monde, il aperçut une colonne de la cavalerie autrichienne qui était en pleine marche pour lui couper la retraite. Sur cela, il abandonna ses montagnes, et forma de son infanterie un carré, avec lequel il se mit en marche pour gagner le chemin de Bolkenhayn. Ses troupes avaient consumé la plupart de leur poudre. La cavalerie autrichienne l'attaqua; il la repoussa différentes fois; après une noble et généreuse défense, l'ennemi perça dans le carré. M. de Fouqué reçut deux blessures et fut prisa ainsi que la plupart de son monde; il s'était défendu depuis deux heures du matin jusqu'à dix heures avant midi, et loin que ce désastre pût préjudicier à la réputation de ce brave officier, si longuement et si so-
a Chrétien-Guillaume de Zieten, frère cadet de celui dont il a été fait mention t. IV, p. 232, naquit en 1712; il devint général-major le 12 décembre 1758, et le 8 février 1760, chef du régiment d'infanterie no43 de la Stammliste de 1806.
a Henri-Auguste baron de La Motte Fouqué, né à la Haye le 4 février 1698 (t. III, p. 161), fut nommé lieutenant-général et chevalier de l'Aigle noir en 1761, puis élevé au grade de général de l'infanterie le 1er mars 1759. En 1763, à son retour de la captivité qu'il avait subie en Autriche, il se retira du service par suite de ses infirmités. Jusqu'à sa mort, arrivée le 3 mai 1774, il fut l'objet des distinctions les plus flatteuses de la part du Moi, qui l'honorait d'une amitié toute particulière.