<50>rien de réel. On n'apprit qu'alors le désastre qui venait d'arriver à M. de Fouqué. Ce malheur achevait de rendre les affaires de la Silésie désespérées. L'armée du Roi, qui n'avait plus de fourrages à Radebourg, prit le camp de Gross-Döbritz. M. de Krockow prit trois cents prisonniers d'un détachement qui, venant par le chemin de Moritzbourg, s'était flatté de donner sur les équipages de l'armée; mais qu'était-ce que la prise de trois cents hommes, en comparaison de tant de corps entiers que le Roi avait perdus? Cet événement de Landeshut, arrivé d'une manière si inattendue, altéra les mesures que le Roi voulait prendre dans ces temps critiques. Le Roi pouvait moins que jamais quitter la Saxe, à moins que cela ne se fît en compagnie du maréchal Daun, pour ne point perdre toujours en détail le peu de troupes qui lui restaient.
Les Impériaux, de leur part, ne pouvaient se mettre en mouvement qu'après l'arrivée des cercles, dont la lenteur du prince de Deux-Ponts retardait la marche. Elles arrivèrent enfin. Le maréchal Daun les laissa au Windberg. M. de Hülsen demeura à Meissen, et les deux armées se mirent le même jour en marche pour la Silésie. Les Impériaux prirent par Bischofswerda, d'où ils détachèrent M. de Lacy au Keulenberg pour couvrir leur flanc gauche. Le Roi dirigea sa route par Krakau, où il résolut de faire une tentative sur M. de Lacy, qui ne s'y attendait pas. Les Prussiens occupèrent Königsbrück, et, la nuit même, l'armée se mit en marche sur quatre colonnes, deux en delà et deux en deçà du ruisseau de la Pulsnitz. L'avant-garde donna sur les troupes légères de l'ennemi; cela donna l'éveil à M. de Lacy, qui se sauva avec tant de précipitation, qu'on ne put l'atteindre, et qu'à peine on prit deux cents hommes de son arrière-garde. L'armée passa la nuit sur le Keulenberg. Les Prussiens et les Autrichiens se côtoyèrent le lendemain; les Autrichiens passèrent Bautzen et campèrent près de Gurk, et l'armée du Roi, au couvent de Marienstern. Le 6, le maréchal Daun gagna Gorlitz, et les Prussiens, Nieder-Gurk. Il y eut une affaire d'arrière-garde avec les Autrichiens aux environs de Bautzen, au passage de la Sprée. Le major Zedinara des hussards passa imprudemment un pont, où
a Le major Hans de Zedmar, nommé commandeur du régiment des hussards de Zieten le 20 décembre 1758, fut tué à la bataille de Torgau.