<52>M. de Lacy, pour s'en défaire une bonne fois, parce qu'on aurait été plus embarrassé de son arrière-garde dans la marche qu'on voulait faire en Silésie, que de l'ennemi qu'on y trouvait devant soi; on prit ce dernier parti, comme le plus sûr. S'il réussissait, il pouvait mener à de plus grandes choses.

Le soir du 8, l'armée s'assembla à Schmöllen. Au lieu de prendre le chemin de Görlitz, comme on l'ébruitait, elle tourna brusquement sur Roth-Nauslitz; elle rencontra partout des traîneurs de M. de Lacy. En approchant de Bischofswerda, on serra de près son arrière-garde. Quelle que fût sa vigilance et la vitesse de ses mouvements, on le poussa au delà des défilés de Hartha, où l'armée du Roi passa la nuit; on le poursuivit encore le lendemain jusque sur les hauteurs de Weissig, où l'on établit des batteries pour le déposter du Cerf blanc. Les canons ne tirèrent pas deux volées, que l'infanterie gagna ce poste, d'où elle vit le corps de M. de Lacy en pleine fuite, qui repassait l'Elbe à Dresde.

La situation du Roi était telle, qu'il devait tout entreprendre et tout risquer pour se procurer quelque supériorité sur les ennemis. La première idée qui lui vint, fut de passer l'Elbe à Kaditz. Il fallait combiner cette opération avec différents préparatifs indispensables pour la faire réussir; et comme il convenait en pareil cas de donner à l'ennemi différentes jalousies, le Roi étendit sa gauche vers Piflnitz, et fit mine de vouloir y faire construire un pont, tandis qu'un détachement de l'armée se saisit du poste du Fischhaus et de celui de Reichenberg, et que M. de Hülsen, en exécution des ordres qu'il en avait reçus, s'avançait à Priesnitz, en faisant remonter son pont de Meissen avec lui. Cependant, pour ne pas entièrement perdre de vue le maréchal Daun, cinq cents hussards furent détachés au Weissenberg et vers Reichenbach, pour observer ses mouvements et en avertir à temps. Les différentes mesures qu'on avait prises, ne furent parfaitement arrangées que le 13. M. de Hülsen, dans sa marche, avait fait quatre cents prisonniers. Le Roi, après avoir passé l'Elbe, le joignit; il laissa néanmoins le duc de Holstein avec environ dix mille hommes sur le Drachenberg, proche de Kaditz.

Ces démonstrations avaient donné l'alarme à l'armée des cercles aussi bien qu'à M. de Lacy : ils craignirent qu'un corps ne passât