<54>la rue du Château, et n'y firent pas un moindre dégât; mille bombes et mille quintaux de poudre de plus auraient glorieusement terminé ce siége. Il était apparemment dit dans le livre des destins que les Prussiens ne reprendraient pas Dresde.
Bientôt on eut des avis que le maréchal Daun quittait la Silésie subitement, et s'avançait à grands pas pour secourir Dresde. A son approche, on retira le poste du Cerf blanc.a Les troupes légères s'amusèrent mal à propos avant de quitter ce poste. Elles furent attaquées dans la forêt, du côté du Fischhaus, et perdirent environ cinq cents hommes. On fit passer l'Elbe au prince de Holstein la nuit même, et on lui marqua une position entre Löbda et Unckersdorf. Dès que le maréchal Daun s'approchait de l'autre bord de l'Elbe, il fallait nécessairement avoir un corps dans les environs d'Unckersdorf, pour conserver le passage libre du défilé de Plauen, sans que l'ennemi pût s'aviser de le disputer. Le Roi changea en même temps le camp de ses troupes : une partie de l'armée se campa vis-à-vis de M. de Lacy et du prince de Deux-Ponts; l'autre se plaça du côté du Grand-Jardin, où l'on pratiqua des abatis, jusqu'au delà de Racknitz, près de Plauen. Le maréchal Daun parut alors au Cerf blanc, et couvrait de son armée l'autre bord de l'Elbe, derrière Dresde et aux côtés. La nuit du 22,a il envoya seize bataillons pour faire une sortie sur les Prussiens dans le faubourg de Pirna. Le Roi s'y était préparé; il avait disposé les troupes de manière à pouvoir bien recevoir l'ennemi. La sortie se fit; les Autrichiens furent repoussés, et perdirent trois cents hommes avec le général Nugent qui les commandait. Un bataillon de Bernbourgb qui n'avait pas fait son devoir à ce siége, en fut puni par la honte de ne plus oser porter le sabre. Cette correction, sensible à tout soldat qui a de l'honneur, fit une impression avantageuse dans l'armée, et donna à cette troupe l'envie de réparer sa faute, ce dont elle trouva l'occasion à la bataille de Liegnitz, comme nous le dirons en son lieu.
Il semblait que, par un singulier destin de cette campagne, les petits avantages des Prussiens dussent constamment être
a Le 19 juillet.
a La nuit du 21 au 22 juillet.
b No 3 de la Stammliste de 1806.