<55>contre-balancés par des pertes considérables. Ce général Nugent même, qu'on venait de prendre à cette sortie, apprit au Roi que la ville de Glatz était prise par M. de Harsch.c Quelque incroyable que fût cette nouvelle, on en eut bientôt la confirmation de Silésie. La nuit du 21 au 22, M. de Harsch avait ouvert la tranchée devant la place. D'O, qui en était commandant, avait une garnison de cinq bataillons, et toutes les munitions de guerre et de bouche pour soutenir un long siége. L'ennemi avait appuyé sa première parallèle à Schwedeldorf, proche de la Neisse, d'où, en faisant le tour de la ville basse et du château, elle allait appuyer sa gauche devant la maison du baron Pilati. Le général Harsch se préparait à faire deux attaques, l'une sur la ville basse vers la porte de Bohême, et l'autre au château sur le Feldthor. A peine quelques canons furent-ils en batterie, que les assiégeants voulurent déloger les assiégés d'une flèche à laquelle M. de Fouqué avait donné le nom de Grue, à cause de sa forme longue et de sa gorge étroite. Cet ouvrage, creusé dans le roc, ne demandait que d'être défendu pour arrêter l'ennemi des semaines entières. Mais à peine les Autrichiens se présentèrent-ils pour l'attaquer, que les assiégés lâchèrent le pied et s'enfuirent d'une manière infâme. Ils se sauvèrent par la barrière; l'ennemi les suivit chaudement; ceux qui défendaient le chemin couvert, au lieu de tirer sur l'ennemi, se sauvèrent par le pont dans le ravelin. Les Autrichiens, pêle-mêle avec eux, y entrèrent en même temps. M. de Harsch, qui s'aperçut de ce qui se passait, envoya quelques bataillons de sa tranchée pour soutenir ces premières troupes. Enfin les Autrichiens prirent cette place sans savoir comment, et sans presque éprouver de résistance. Le commandant, qui était dans la ville basse, accourut à ce bruit au château, mais il était déjà pris, et comme par sa situation il domine les ouvrages du Schaferberg et de la ville basse, il ne restait plus d'asile aux Prussiens pour se défendre. Cet événement honteux et flétrissant pour les armes prussiennes fut la suite d'une négociation secrète que M. Loudon avait préparée de longue main par le canal des jésuites, des moines et de toute la prêtraille catholique. Il était parvenu par leur moyen à corrompre des officiers et beaucoup de


c La ville de Glatz ne fut prise que le 26 juillet.