<56>soldats de la garnison, du nombre desquels furent ceux qui étaient de garde à l'endroit où M. de Harsch poussa son attaque.

Ce funeste contre-temps survint dans une situation déjà assez embarrassante et assez fâcheuse d'elle-même. L'approche du maréchal Daun, sa position près du Nouveau-Dresde, le manque de munitions de guerre pour un siége, obligèrent le Roi de renoncer au dessein qu'il avait de prendre cette ville, et il prit des mesures sérieuses pour se rendre en hâte en Silésie, afin d'empêcher, s'il se pouvait, qu'il n'arrivât dans cette province de plus fâcheuses catastrophes que celles que nous venons de rapporter. Le Roi quitta le 30 le fond de Plauen, sans que l'ennemi l'inquiétât; il ramena M. de Hülsen dans son camp de Meissen. L'armée passa le lendemain l'Elbe à Zehren, et prit une position à Dallwitz. Le maréchal Daun, de son côté, craignant, après ce qui était arrivé, que s'il quittait Dresde, les Prussiens n'y missent le siége de nouveau, compassa si habilement ses marches et ses mouvements avec ceux du Roi, que les deux armées marchèrent presque toujours ensemble. Les Autrichiens prirent la grande route de Görlitz; les Prussiens les côtoyaient; ils passèrent la Röder à Koitzsch, la Sprée à Radibor,a et comme l'ennemi les avait devancés sur Reichenbach pour couper par le plus court chemin, ils passèrent près du Strömberg et du Rothkretscham. Un étranger qui aurait vu les mouvements de ces armées, aurait pu s'y tromper. Il aurait sûrement jugé qu'elles appartenaient toutes au même maître. L'armée du maréchal Daun devait lui sembler l'avant-garde de la troupe, celle des Prussiens, le corps de bataille, et la troupe de M. de Lacy, l'arrière-garde. Ce dernier, toutefois, devenu plus circonspect de crainte de quelque fâcheuse aventure, ne s'approchait des Prussiens qu'à la distance de trois milles.

Cette traversée eut son utilité; car, comme l'armée se trouvait immédiatement entre le maréchal Daun et Lacy, un aide de camp du maréchal, chargé de lettres pour ce dernier, fut pris. On trouva dans son paquet les nouvelles ultérieures de ce qui s'était


a Le 3. le Roi quitta Dallwitz, passa la Röder, et prit son quartier général à Koitzsch, village situé à plus de deux milles de ce fleuve, entre Königsbrück et Camenz; le 4, l'armée marcha jusqu'à Radibor, au nord de Bautzen, à plus d'un mille à l'ouest de la Sprée.