<58>desseins de campagne, roulait sur ce problème, s'il serait plus avantageux d'entreprendre le siége de Schweidnitz, ou celui de Neisse. Il finissait sa lettre par dire à M. de Lacy qu'il n'avait pas besoin de se hâter, ni de fatiguer ses troupes, puisqu'il n'importait pas qu'il arrivât un jour plus tôt ou plus tard.

Après avoir intercepté ce courrier, l'armée du Roi continua sa marche sur Arnsdorf; le lendemain, elle arriva à Rothwasser, et le 7 d'août, à Bunzlau, en même temps que le maréchal Daun avait gagné Löwenberg. Les deux armées, qui dans cinq jours avaient fait la traite de l'Elbe au Bober, furent obligées de prendre quelque repos. Elles se remirent en marche le 9, avec des desseins bien opposés. Le Roi était dans la nécessité de renouveler ses subsistances; pour cet effet, il voulait gagner Breslau ou Schweidnitz, où se trouvaient les grands magasins de l'armée; il ne lui en restait que pour dix jours de ce qu'il avait pu mener avec lui. Le dessein du maréchal Daun consistait à prendre une position derrière la Katzbach, par laquelle il prétendait couper le Roi de Breslau et de Schweidnitz en même temps; ce qui mettrait le Roi dans le cas, ou de s'engager dans une mauvaise affaire contre des forces supérieures, ou de se replier sur Glogau, par où il aurait donné moyen aux Autrichiens et aux Russes de détruire l'armée du prince Henri, et de prendre Breslau et Schweidnitz. Des vues si opposées devaient produire d'étranges contrastes dans les opérations de ces deux armées, comme nous le verrons bientôt. Le Roi fit sans contredit une bévue en se portant avec ses troupes à Goldberg, où le maréchal Daun voulait se rendre avec toute son armée; les Prussiens auraient dû montrer une tête de ce côté-là, et se porter avec leurs forces par Löwenberg à Hirschberg, pour y ruiner la boulangerie et le dépôt considérable de vivres que les Autrichiens y avaient établis. De là ils n'avaient qu'à se porter sur Landeshut pour gagner Schweidnitz. Cette manœuvre aurait obligé l'ennemi, sans qu'on l'eût combattu, à se rejeter dans les montagnes de la Bohême pour trouver du pain et des subsistances. La véritable raison pourquoi l'on ne tenta point cette entreprise, fut qu'on ignorait que les Impériaux eussent fait des établissements pour leurs vivres à Hirschberg; c'est ce qu'on apprit après.

Le Roi partit donc avec son avant-garde pour Goldberg. Les