<59>hussards et les bataillons francs qui devaient le joindre, n'arrivèrent point, soit par des quiproquo, soit par paresse, soit par d'autres raisons. La troupe que le Roi conduisait, aperçut, en s'approchant de Goldberg, un corps des ennemis qui pouvait être de la force de dix mille hommes. L'escarmouche insensiblement s'engagea de part et d'autre; cela arrêta l'avant-garde, car dans cette situation actuelle il y aurait eu de l'imprudence à passer la Katzbach, parce que le margrave Charles, qui conduisait l'armée, était encore éloigné, et que l'on n'était point informé avec certitude du lieu où se trouvait M. Loudon. Outre cela, le maréchal Daun était en pleine marche; on le vit descendre des hauteurs de Löwenberg précisément lorsque la tête du margrave Charles joignait l'avant-garde. Les Autrichiens s'étendirent d'abord derrière la Katzbach, de Seifenau, par Prausnitz, vers Jasnitz.a Cette manœuvre contraignit les Prussiens à garder le ruisseau devant eux, et ils furent se camper à Hohendorf. On découvrait de ce village le corps de M. Loudon, qui s'était joint à la droite de l'armée de Daun. On envoya aussitôt faire des reconnaissances de tout côté, pour examiner si les passages au bas de la Katzbach étaient également gardés. Les officiers chargés de cette commission rapportèrent qu'ils avaient découvert un corps d'ennemis à Hochkirch, un autre encore sur la hauteur de Wahlstatt, et un troisième derrière Parchwitz.

Le lendemain, le maréchal Daun se mit en marche, et remplit avec son armée tout cet emplacement qui n'avait été qu'indiqué ou tracé par ces détachements, qui n'en occupaient que les points principaux. Cette armée se trouva distribuée alors de la manière suivante : M. de Nauendorf campait à Parchwitz; M. Loudon, entre Jeschkendorf et Koischwitz; le maréchal, entre Wahlstatt et Jeschkendorf; et M. de Beck, qui faisait la gauche, s'étendait au delà même de Kossendau. Cette position avantageuse de l'ennemi défendait sans contredit aux Prussiens le passage de la Katzbach; cependant le Roi le suivit, et se campa, la droite à Schimmelwitz et la gauche à Liegnitz. Il comprenait bien qu'avec trente mille hommes, qui faisaient le fond de son armée, il ne lui con-


a Nous n'avons pu trouver ni cet endroit, ni Zosnitz, nom que les éditeurs de 1788 ont substitué à celui de Jasnitz. Peut-être faut-il lire Lasnig, ou Laasnig.