<63>vement d'attaquer le Roi; on pouvait juger, par la position des corps de l'ennemi, que M. de Lacy était destiné à tourner la droite des Prussiens, que le maréchal Daun se serait présenté sur leur front, et que M. Loudon aurait probablement occupé les hauteurs de Pfaffendorf, derrière Liegnitz, pour leur couper le chemin de Glogau et la retraite. Ces considérations firent résoudre qu'on abandonnerait le camp de Liegnitz le même soir, et à repasser la Katzbach, selon le projet que nous avons rapporté plus haut. Cette manœuvre ne pouvait s'exécuter de jour, à cause de la proximité du camp autrichien. L'ennemi n'aurait pas manqué d'engager une affaire d'arrière-garde, qui aurait tourné d'une manière désavantageuse pour les Prussiens, parce que le terrain de leur droite dominait celui de leur gauche, par lequel il fallait qu'ils se retirassent. On fit partir tout le bagage sous l'escorte de deux bataillons francs et de cent chevaux, qui le conduisirent heureusement à Glograu. Le Roi fut reconnaître avec ses généraux la hauteur de Pfaffendorf; il voulait y former son armée après avoir passé la Katzbach à Liegnitz, pour diriger de là sa marche sur Parchwitz. Dès que les ombres parurent, l'armée se mit en mouvement; on amena en marche au Roi un officier déserteur des Autrichiens, Irlandais de nation; il était si plein de vin, qu'il ne pouvait dire qu'en balbutiant qu'il avait un secret d'importance à révéler. Après lui avoir fait avaler quelques mesures d'eau tiède, et après quelques évacuations, il dit ce qu'on avait deviné d'avance, que le maréchal Daun voulait ce jour même attaquer le Roi. Mais les Prussiens n'avaient rien à redouter; ils transportaient le lieu de la scène, et par conséquent ils dérangeaient toutes les dispositions de l'ennemi, faites sur le local du terrain qu'on venait de quitter.
Dès que le Roi eut atteint les hauteurs de Pfaffendorf, il envoya M. de Hundta faire une reconnaissance du côté de Bienowitz et de Polnisch-Schildern. Pendant ce temps-là, l'armée se mit en bataille sur le terrain qui lui avait été assigné. M. de Hundt revint bien vite; il apprit au Roi qu'il avait donné dans deux
a Hermann-Joachim-Gottlieb de Hundt, major au régiment des hussards de Zieten, fut tué au combat de Plauen, le 5 avril 1761, à l'âge de trente-six ans.