<69>tirer de Breslau, et le maréchal Daun, que la forteresse de Schweidnitz n'en fournît, la victoire qu'on venait de remporter devenait inutile; car comment se battre avec l'ennemi, ayant six mille prisonniers et onze cents blessés à garder, et quelle cruelle résolution aurait-ce été de se replier sur Glogau! Cependant, lorsque les têtes des colonnes eurent gagné Blumerode, le Roi poussa en avant avec quelques hussards; et se glissant par la forêt, il s'approcha assez près de Neumarkt pour découvrir que de l'autre côté il n'y avait ni camp ni troupes. Il envoya un officier à la reconnaissance, qui revint bientôt, et ramena au Roi un lieutenant-colonel autrichien qu'il avait pris dans Neumarkt même. Ce lieutenant-colonel, au désespoir d'être pris, dit tout ce qu'il savait, pour prouver que ce n'était point par sa faute que ce malheur lui était arrivé. Il s'emporta beaucoup contre les Russes; il dit qu'il avait été envoyé, avec une commission, à M. de Czernichew; que non seulement il ne l'avait plus trouvé, mais que, le pont même ayant été abattu, il n'avait pu passer l'Oder pour le joindre. Alors toutes les appréhensions s'évanouirent, et l'armée entra tranquillement dans son camp de Neumarkt. Comme on venait de regagner la communication de Breslau, on était assuré de trouver des subsistances, et l'on donna quelque repos aux troupes, qui, durant neuf jours d'opérations perpétuelles, avaient supporté toutes les fatigues, et surmonté toutes les difficultés qu'elles eurent à vaincre, avec une constance héroïque dans tant de différents travaux.
Le paysan que le Roi avait envoyé avec la lettre au prince Henri, s'était bien acquitté de sa commission; à peine M. de Czernichew l'eut-il reçue, que le soir même il repassa l'Oder, et partit à tire-d'aile pour se joindre à M. de Soltykoff, où il appréhendait même d'arriver trop tard.
D'une autre part, l'armée autrichienne avait pris une position sur le Pitschenberg. M. de Loudon se tenait à Striegau, et l'on avait fait avancer le prince de Löwenstein sur la montagne de Würben, d'où son corps resserrait légèrement la forteresse de Schweidnitz.
Pendant que toutes ces manœuvres se faisaient entre les Autrichiens et les Prussiens, S. A. R. le prince Henri avait passé