<7>gauche du Wéser, et plaça M. de Broglie sur la droite. Le prince Ferdinand, après avoir gagné les bords de cette rivière, la remonta aussitôt, pour s'opposer aux ennemis. Il déboucha le 29 dans les plaines de Minden, et étendit son armée entre Hille et Friedewalde, où il fut joint par le général Dreves, qui venait de reprendre Brême sur les Français. Il fit fortifier le village de Todtenhausen, à un quart de mille de la gauche de son armée, espèce de piége qu'il tendait à M. de Contades, trop bien posté pour qu'on pût brusquer une attaque sur son camp, et dont le prince ne pouvait tirer raison qu'en l'engageant dans une mauvaise affaire. D'un autre côté, pour causer des inquiétudes aux Français, il leur envoya à dos le Prince héréditaire, qui, Rapprochant de Gohfeld, y trouva le duc de Brissac à la tête d'un détachement de six mille hommes. M. de Contades s'empressa à remplir les désirs du prince Ferdinand : il se conduisit comme s'il avait reçu les instructions de ce prince. M. de Broglie avec son détachement passa le Wéser et joignit l'armée. On prépara des débouchés sur le marais qui couvrait l'armée française, et enfin on l'attaqua le 1er d'août. Ce village de Todtenhausen, que le prince avait fait retrancher, était garni de douze bataillons, défendus par deux grosses batteries, et soutenus par vingt escadrons qui campaient à peu de distance derrière l'infanterie. Le gros de l'armée alliée campait à un petit demi-mille de là, comme nous l'avons dit, derrière les bois de Hille. Par une sage précaution, le prince avait préparé ses chemins et ses communications de sorte qu'au premier mouvement des Français, il pouvait marcher à eux sans rencontrer d'empêchement, et, tandis qu'ils attaqueraient le village, les charger à son tour. M. de Contades déboucha dans la plaine à la pointe du jour. M. de Broglie commandait l'avant-garde destinée à l'attaque du village. L'armée française prit une position trop éloignée de son avant-garde pour être à portée de la soutenir : elle appuya son aile droite au Wéser, et prenant la forme d'une potence, sa gauche se repliait, en formant un coude à ce marais qu'elle venait de passer. M. de Broglie, en approchant de Todtenhausen, vit les douze bataillons que M. de Wangenheim y mettait en bataille; il prit ce général et ces troupes pour l'armée entière du prince Ferdinand; il hésita, il demeura un temps indécis; enfin, il fit demander de nouveaux ordres à M. de Contades : l'occasion s'échappa, le temps se perdit, le prince Ferdinand arriva avec l'armée; au lieu d'aller au secours de M. de Wangenheim, il forma ses troupes vis-à-vis de cet angle que faisait l'armée française. M. de Contades lui opposa un corps de cavalerie; mais l'ardeur et la fougue de l'infanterie anglaise l'emporta. Elle attaqua la cavalerie française et la mit en déroute; de là elle se porta tout de suite sur l'infanterie française; le prince Ferdinand n'eut que le temps de la soutenir par d'autres brigades; enfin, les Français prirent la fuite, et les alliés se formèrent sur le terrain qu'ils venaient d'abandonner. Tandis que la fortune se déclarait pour le prince Ferdinand, M. de Broglie faisait une attaque molle sur le village de Todtenhausen; il y eut en même temps deux charges de cavalerie dans cette partie, qui tournèrent toutes deux à l'avantage des alliés. La déroute de la gauche des Français, la fuite de cette cavalerie, jointes au peu de succès qu'avaient eu les attaques du village, déterminèrent l'ennemi à quitter le champ de bataille, ce qui se fit avec beaucoup de confusion et de désordre.

Le Prince héréditaire battit le même jour M. de Brissac à Gohfeld, et occupa, en le poursuivant, un passage proche du Wéser, qui interdisait aux Français les chemins des pays de Waldeck et de Paderborn. Ce coup fut aussi décisif que la bataille, parce que l'armée française, environnée par les alliés près de Minden, à la rive gauche du Wéser, fut obligée de repasser cette rivière et de prendre le chemin de Cassel, le seul qui lui restât. M. d'Armentières, qui avait jusque-là serré de près Lippstadt, en leva le blocus; il détacha dix bataillons pour Wésel; avec les douze autres il accourut à Cassel, où il se joignit à l'armée qui venait d'être battue. Le lendemain de la bataille, Minden se rendit au vainqueur; les Français perdirent au delà de six mille hommes dans cette affaire, dont trois mille furent pris par les Allemands. Pour profiter de cet heureux événement, le prince Ferdinand