<71>M. de Nauendorf tenait les postes du Spitzberg et du Streitberg, proche de Striegau.

Le lendemain, l'armée du Roi prit le camp de Pülzen, où elle séjourna; mais comme cet emplacement n'était pas favorable pour déposter les ennemis des montagnes, l'armée alla se camper le 3 à Bunzelwitz. On se battit pendant toute la marche, d'abord avec le corps de Ried à Schönbrunn, ensuite avec celui de Beck à Jauernick; et comme on ne pouvait pas souffrir M. de Nauendorf à Striegau, M. de Zieten alla lui donner la chasse; il le poussa jusqu'à Hohenfriedeberg sous les batteries de M. de Loudon, et prit, après avoir fait quatre cents prisonniers, le camp de Striegau, dont il venait de chasser l'ennemi.

Le Roi désirait d'expulser les Autrichiens de la Silésie, pour se trouver dans la situation d'envoyer de plus gros détachements contre les Russes. Le meilleur moyen de parvenir à ce but était de tourner la position des Autrichiens, soit pour ruiner leurs magasins, soit pour intercepter les convois qu'ils tiraient de la Bohême. L'exécution de ce projet n'était pas sans difficulté; car l'ennemi occupait un terrain énorme, dont il était difficile de faire le circuit, parce que le maréchal Daun pouvait prévenir les Prussiens par un petit mouvement de son centre; il avait la corde et le Roi l'arc à décrire. Néanmoins, quelque obstacle que l'on prévît, la nécessité d'agir et le besoin présent des affaires l'emportèrent sur toutes ces considérations, et l'on abandonna l'événement à la fortune. L'armée se mit en marche la nuit du 11 de septembre, pour tourner les hauteurs de Friedeberg; l'avant-garde gagna la gorge de Kauder. Aussitôt que M. de Loudon aperçut cette tête, il comprit que le dessein était de le tourner; il abandonna sa position, et se retira vers le village de Reichenau. Le maréchal Daun, de son côté, non moins attentif au mouvement des Prussiens, vint se présenter en même temps à l'autre bord du ravin qui coupe Reichenau; il sauva par ce mouvement M. Loudon, qui échappa au danger dont les Prussiens le menaçaient. L'armée arriva à ce camp la nuit tombante; le soldat pouvait à peine tendre ses tentes.

Le projet du Roi était de détacher sur Landeshut, où l'ennemi avait son magasin; on fut obligé d'en différer l'exécution