<75>soir. Ce bruit, qu'on avait entendu à Breslau, parut si considérable, que les officiers de la garnison crurent qu'il y avait eu une bataille; ce n'était à la vérité qu'une marche; mais dans les temps passés, on s'était battu plus d'une fois sans qu'il y eût autant de coups de canon de tirés que cette journée. Cette marche s'était faite pour gagner Waldenbourg, où l'ennemi avait une boulangerie; mais on avait si fort été retardé, parce qu'il fallait toujours se battre, qu'il fut impossible aux Prussiens de pousser cette fois plus loin leurs avantages.
Le lendemain, toute l'armée du Roi, à l'exception des cuirassiers, occupa les hauteurs de Giersdorf. On fit une tentative pour pénétrer par Neu-Reussendorf et le Kohlberg à Waldenbourg. Durant la nuit, M. Loudon avait pris les devants, et occupait déjà les gorges qui défendent ce passage; il fut même joint par M. de Lacy dans cette position, de sorte que l'entreprise des Prussiens n'aboutit qu'à une canonnade. Le Roi se rendit, en attendant, maître des hauteurs de Barsdorf. La gauche de son camp s'appuyait à Kynau, d'où la ligne tournait par Barsdorf et Dittmannsdorf, où était le quartier général. De là elle passait par le Blaue Ranzen, et le plateau de Hohengiersdorf, à l'extrémité de la droite, était occupé par la réserve, dont M. de Forcade avait le commandement. L'armée du maréchal Daun tenait un terrain plus vaste. Le corps de MM. de Loudon et de Lacy allait de Jauernick et Tannhausen, par Neu-Reussendorf, jusqu'à Seitendorf. Le maréchal Daun prenait de là, et remplissait toute la croupe qui s'étend jusqu'à Bôgendorf. MM. de Löwenstein et de Beck couvraient son flanc gauche, faisant front vers Schweidnitz, et M. de Nauendorf couvrait ses derrières à Fürstenstein. Ces deux armées s'étaient tellement emboîtées dans ces montagnes, qu'elles ne pouvaient avancer ni l'une ni l'autre, et leurs camps des deux parts étaient inexpugnables. Ces camps, d'ailleurs, étaient si voisins, qu'il n'eût dépendu que des généraux de se canonner réciproquement avec succès; mais comme cela ne menait à rien, on fut fort tranquille : les vedettes étaient nez contre nez, toute tiraillerie fut interdite, on aurait dit qu'on était convenu d'un armistice; cela en vint au point qu'Autrichiens et Prussiens redressaient les patrouilles qui s'égaraient dans l'obscu-