<78>à Belgern. Le duc de Würtemberg s'avança de Bitterfeld à Pretzsch. M. de Luszinzky se porta sur Dommitzsch; il y construisit un pont, et passa l'Elbe le même jour. Le prince de Deux-Ponts et MM. de Hadik et de Maguire s'avancèrent alors en même temps sur M. de Hülsen, et vinrent occuper les hauteurs de Süptitz. Ces mouvements combinés des ennemis, et le passage de l'Elbe du corps de Luszinzky firent appréhender que les ennemis n'eussent le projet d'assiéger Torgau, ou peut-être même de pousser jusqu'à Berlin, où il y avait peu de troupes. M. de Hülsen voulut prévenir des desseins aussi dangereux : pour cet effet, il passa l'Elbe à Torgau, et établit son camp à Jessen, au confluent de l'Elster et de l'Elbe. D'abord après son départ, les ennemis brûlèrent le pont de Torgau. Le sieur de Normann, commandant de la ville, ne fit aucune défense : il se rendit lâchement le même jour; sa garnison, forte de huit cents hommes, beaucoup de malades de l'armée, et un magasin considérable, tout fut perdu et tomba entre les mains des Impériaux. Le prince de Deux-Ponts s'avança ensuite sur l'Elster, et M. de Hülsen, ne pouvant résister aux ennemis qu'il avait devant lui et sur ses derrières, se retira à Coswig, d'où on l'appela à Berlin, comme nous le dirons d'abord. La ville de Wittenberg; fut aussitôt assiégée. M. Sa-lenmon, qui en était commandant, se défendit avec valeur et avec fermeté. Les ennemis bombardèrent la place, et en réduisirent les trois quarts en cendres. Les munitions lui manquèrent à la fin; il ne se rendit toutefois que le 14 d'octobre, après avoir fait tout ce qu'on devait attendre d'un homme d'honneur.

Le bouleversement de la Saxe, les dangers qui menaçaient Berlin, étaient des motifs suffisants pour engager le Roi à se porter en diligence au secours de ces provinces. On était déjà dans le mois d'octobre; il n'était pas à présumer que l'ennemi, si lent dans ses préparatifs, commençât un siége dans cette saison avancée, vu qu'en Silésie toutes ses mesures étaient dérangées. Toutes les probabilités portaient à croire que le Roi pouvait quitter la Silésie sans risque. Comme donc sa présence devenait si essentiellement nécessaire ailleurs, il rappela M. de Wied de la Haute-Silésie, et il partit le 7 d'octobre du camp de Dittmannsdorf. Il dirigea sa marche, par Bunzelwitz, Jauer, Conradsdorf, Prim-