<81>berg et M. de Hülsen partirent la nuit du 9, et se replièrent sur Spandow; il n'y eut que le corps des chasseurs qui souffrît dans cette retraite.
Le même jour, les Russes entrèrent dans Berlin. L'on convint que la bourgeoisie lèverait par imposition la somme de deux millions, qu'elle leur payerait pour se racheter du pillage.a Cela n'empêcha pas que MM. de Lacy et de Czernichew ne fussent tentés d'incendier quelque partie de la ville, et peut-être y aurait-il eu quelque catastrophe, sans les solides représentations de M. Verelst, ministre de la république de Hollande. Ce digne républicain leur parla du droit des gens, et leur dépeignit leur barbarie avec des couleurs si affreuses, qu'ils en eurent honte. Leur fureur et leur rage se tourna sur Charlottenbourg et Schönhausen, maisons royales qui furent pillées par les Cosaques et par les Saxons.
Le bruit de la marche du Roi allait en s'accroissant. Il était venu des avis à MM. de Lacy et de Czernichew que l'intention de ce prince était de les couper. Cette nouvelle leur donna la peur et hâta leur départ. Ils se retirèrent le 12. Les Russes repassèrent l'Oder à Francfort et à Schwedt, et le 15, M. de Soltykoff se replia vers Landsberg-sur-la-Warthe. Pour M. de Lacy, il pilla tout sur sa route, et dans trois jours il eut regagné Torgau. Le prince de Würtemberg et M. de Hülsen, embarrassés de leur personne, avaient tourné vers Coswig, et s'y tenaient cantonnés, faute de savoir où aller ailleurs.
Ce fut donc à Gross-Muckro que le Roi apprit ces différents détails. Comme il n'y avait plus de Russes à combattre, ce prince eut la liberté de diriger tous ses efforts contre la Saxe; ainsi, au lieu de prendre la route de Cöpenick, il prit celle de Lübben. Cependant le maréchal Daun avait suivi le Roi en Lusace; il s'approchait alors de Torgau, et comme l'on apprit qu'il avait laissé M. de Loudon à Lö-wenberg, M. de Goltz eut ordre de retourner en Silésie pour s'opposer de son mieux aux entreprises des Autrichiens. L'armée du Roi arriva le 22 à Jessen. Les troupes du prince de Deux-Ponts bordaient toute la rive gauche de l'Elbe.
a Le Roi aurait pu dire ici qu'il paya pour Berlin, le 7 avril 1761, la contribution imposée à cette ville.