<83>non que son dessein était de se joindre à l'armée des cercles. Sur ce soupçon, l'armée marcha sur Düben, pour s'opposer à une jonction aussi préjudiciable aux intérêts du Roi. En arrivant à Düben, on y trouva un bataillon de Croates, qui fut, ou pris, ou passé au fil de l'épée. Le Roi établit dans cet endroit un dépôt pour ses vivres. Ce poste y parut le plus convenable, parce que c'est une presqu'île presque entièrement environnée par la Mulde. On y construisit quelques redoutes, et on y laissa M. de Sydowa avec dix bataillons pour le défendre. L'armée du Roi marcha de là sur Eilenbourg. Les troupes autrichiennes qui avaient campé dans cette partie, se retirèrent par Mockrehna sur Torgau avec une telle précipitation, qu'elles abandonnèrent une partie de leurs tentes. L'armée se campa, la droite à Thalwitz et la gauche à Eilenbourg. M. de Hülsen fut obligé de passer la Mulde avec quelques bataillons; il prit une position entre Betzen et Gostewitz, vis-à-vis du prince de Deux-Ponts, dont l'armée était à Taucha. Dans la situation où l'on se trouvait, c'était un préalable que d'écarter les troupes des cercles, tant parce qu'elles se trouvaient à dos des Prussiens, que pour empêcher leur jonction avec les Autrichiens; il n'en coûta pas grande peine. M. de Hülsen les fit alarmer; sur quoi elles décampèrent la nuit même, passèrent la Pleisse, puis l'Elster, et se retirèrent à Zeitz. Le major Quintus avec son bataillon franc chargea vigoureusement leur arrière-garde, sur laquelle il fit quatre cents prisonniers. Après cette expédition si heureusement terminée, les Prussiens rentrèrent en possession de Leipzig, et M. de Hülsen rejoignit l'armée.

Tous les événements qui étaient arrivés jusqu'alors, avaient tourné à l'avantage du Roi. L'irruption des Russes et la prise de Berlin, qui paraissaient entraîner de si grandes conséquences, se terminèrent d'une manière moins fâcheuse qu'on ne pouvait s'y attendre; il n'en coûta que des contributions et de l'argent. L'ennemi venait d'être écarté des frontières du Brandebourg; on avait repris Wittenberg et Leipzig, et l'on avait même éloigné les cercles à une distance assez considérable pour ne point appréhender qu'ils


a Le colonel Gustave-Adolphe de Sydow, né en Poméranie en 1709, devint chef d'un régiment de garnison au mois de mars 1759, et général-major le 3 juin de la même année.