<87>cavalerie, qui faisait la troisième colonne, passait le bois de Wildenhayn, pour se rendre à Vogelsang. M. de Zieten se mit en même temps en marche avec la droite de l'armée, consistant en trente bataillons et soixante-dix escadrons, et il enfila le chemin qui va d'Eilenbourg à Torgau. La partie de l'armée que le Roi conduisait, trouva M. de Ried posté à la lisière du bois de Torgau avec deux régiments de hussards, autant de dragons, et trois bataillons de pandours. On lui tira quelques volées de canon, sur quoi il se replia vers la droite des Impériaux. Près de Wildenhayn, il y a une petite plaine dans la forêt, où l'on aperçut dix bataillons de grenadiers bien postés, qui faisaient mine de disputer le passage aux Prussiens. Ils firent quelques décharges de canon contre la colonne du Roi, auxquelles les Prussiens répondirent. On forma une ligne d'infanterie pour les charger; mais ils se replièrent sur leur armée. Les hussards avertirent en même temps que le régiment de Saint-Ignon était dans le bois, entre les deux colonnes d'infanterie, et que même il avait mis pied à terre. On le fit attaquer incontinent, et comme ces dragons ne trouvaient aucune issue pour s'échapper, tout le régiment fut détruit. Ces grenadiers et ce régiment devaient partir ensemble pour tenter une entreprise sur Döbeln,c et M. de Saint-Ignon, que l'on prit, se plaignait amèrement de ce que M. de Ried ne l'avait point averti de l'approche des Prussiens.

Cette petite affaire ne fit perdre que peu de moments aux troupes; elles poursuivirent leur chemin, et les têtes des colonnes arrivèrent à une heure de l'après-midi au déboucher de la forêt dans la petite plaine de Neiden. On y aperçut des dragons de Batthyani et quatre bataillons, qui, sortant du village d'Elsnig, tirèrent quelques coups de canon au hasard, et firent une décharge de petites armes, sans doute causée par un mouvement de surprise de ce qu'ils avaient peut-être aperçu quelques hussards prussiens. Ces troupes se retirèrent sur une hauteur derrière le défilé de Neiden. Il y a dans cet emplacement un grand marais, qui prend de Grosswig et va jusqu'à l'Elbe, au travers du-


c Le manuscrit original porte Dôbeln, ainsi que l'édition de 1788; mais on voit par l'ensemble qu'il faut considérer ce nom comme une faute graphique, et lire Düben.