<89>qu'il y avait à la droite de son infanterie, pour couvrir son flanc. Mais le prince de Holstein, dont rien ne dérangeait le flegme, n'arriva qu'une heure après que l'action fut engagée. De la manière dont la disposition des attaques était réglée, elles devaient se faire en même temps : il en devait résulter que le Roi ou M. de Zieten percerait le centre de l'ennemi à Süptitz. Mais M. de Zieten, au lieu d'attaquer, s'amusa longtemps avec un corps de pandours qu'il trouva sur son chemin dans la forêt de Torgau; ensuite il se canonna beaucoup avec le corps de M. de Lacy, qui était, comme nous l'avons dit, posté derrière les étangs de Torgau; bref, la disposition ne fut point exécutée; le Roi attaqua seul, sans être secondé de M. de Zieten, et sans que sa cavalerie s'y trouvât. Tout cela ne l'empêcha point de poursuivre son dessein. La première ligne du Roi sortit du ravin, et marcha à l'ennemi en bonne contenance; mais le feu prodigieux de l'artillerie impériale et ce terrain en glacis lui donnaient trop d'avantage; la plupart des généraux prussiens, des commandeurs des bataillons, et des soldats, furent tués ou blessés. La ligne plia, et revint avec quelque confusion. Les carabiniers autrichiens en profitèrent; ils la poursuivirent, et ne lâchèrent prise qu'après avoir reçu quelques décharges de la seconde ligne; celle-ci s'ébranla aussitôt, et après un combat plus rude et plus opiniâtre que le précédent, elle fut encore repoussée, et M. de Bülow,a qui la conduisait, tomba entre les mains des ennemis. Le prince de Holstein arriva enfin avec sa cavalerie tant attendue. La troisième ligne des Prussiens était déjà engagée; le régiment du prince Henri, attaquant l'ennemi, fut chargé à son tour par la cavalerie autrichienne. MM. de Hundt, de Reitzensteinb et de Prittwitz le soutinrent avec leurs hussards, quelques efforts que les ennemis fissent pour l'enfoncer. Le feu terrible que les Impériaux avaient fait avec leurs canons, avait consumé leurs munitions trop vite. Ils avaient laissé leur réserve d'artillerie de


a Jean-Albert de Bülow, lieutenant-général d'infanterie. Voyez t. IV, p. 246.

b Le major Charles-Erdmann de Reitzenstein, né en 1722, passa, le 10 décembre 1760, du régiment des hussards de Zieten dans le régiment des dragons de Finckenstein. Il y fut promu en 1761 au grade de lieutenant-colonel et commandeur. En 1764, il devint colonel, et en 1769, général-major et chef du régiment de dragons no 12.