<90>l'autre côté de l'Elbe, et le resserrement de leurs lignes ne leur permettait pas de faire passer entre deux les chariots des munitions et de les distribuer aux batteries. Le Roi profita du moment que leur feu commençait à se ralentir, pour faire attaquer leur infanterie par les dragons de Baireuth. M. de Bülowc les mena avec tant de valeur et d'impétuosité, qu'en moins de trois minutes ils prirent prisonniers les régiments de l'Empereur, de Neipperg, de Gaisrugg et de Baireuth impérial; en même temps, les cuirassiers de Spaend et de Frédéricd donnèrent sur la partie de l'infanterie ennemie qui était plus à la droite des Prussiens, la mirent en déroute, et ramenèrent beaucoup de prisonniers. Pour le prince de Holstein, on l'avait placé pour couvrir le flanc gauche de l'infanterie. Son aile droite y touchait, et sa gauche tirait vers l'Elbe. L'ennemi se présenta bientôt vis-à-vis de lui avec quatre-vingts escadrons; il avait sa droite vers l'Elbe, et sa gauche vers Zinna. C'était M. O'Donnell qui commandait cette cavalerie impériale. S'il avait eu la résolution d'attaquer le prince de Holstein, le Roi perdait la bataille sans ressource; mais il respecta un fossé d'un pied et demi de largeur, qu'on défendait aux escarmoucheurs de passer; les ennemis le crurent considérable, parce qu'on faisait mine de le respecter, et ils demeurèrent vis-à-vis du prince de Holstein les bras croisés à le regarder.
Cependant les dragons de Baireuth venaient de déblayer la hauteur de Süptitz. Le Roi y fit marcher le régiment de Maurice,a qui n'avait point combattu, et un vaillant et digne officier, M. de Lestwitz,b ramena un corps de mille hommes qu'il avait formé
c Le colonel Christophe-Charles de Bülow, second commandeur du régiment de Baireuth dragons, fut nommé, aussitôt après la bataille de Torgau, par brevet du 10 novembre, général-major et premier commandeur, avec toutes les prérogatives et les revenus de chef de ce régiment. Il était frère cadet du général Jean-Albert de Bülow. Le 23 mai 1787, il fut nommé général de la cavalerie, et mourut à Königsberg le 28 juin 1788.
d No 12 et no 5. Voyez ci-dessus, p. 73. Jean-Henri-Frédéric baron de Spaen devint général-major le 4 septembre 1758.
a Le 22 avril 1760, après la mort du prince Maurice d'Anhalt-Dessau. le général-major Balthasar-Rodolphe de Schenckendorff devint chef du régiment d'infanterie de ce prince, qui portait le no 22.
b Hans-Sigismond de Lestwitz, fils du lieutenant-général mentionné t. IV, p. 107 et 182, naquit à Kontop en Silésie le 19 juin 1718. Après la bataille de Lowositz, il fut décoré de l'ordre pour le mérite; l'année suivante, il devint major dans le régiment d'infanterie (no 5) du duc Ferdinand de Brunswic; en 1762, lieutenant-colonel et commandeur du régiment de l'empereur Pierre III (no 13) : en 1765, il fut fait colonel : l'année suivante, commandeur du Grenadiergardebataillon, et le 29 mai 1770, général-major. Il quitta le service après la paix de Teschen, et mourut à Berlin le 16 février 1788. Voyez ci-dessus, p. 21.