<96>rejoignit le prince son oncle. Comme toute l'armée française était à Corbach, le prince Ferdinand voulut au moins couvrir l'évêché de Paderborn; il y envoya M. de Sporcken, qui, à peine arrivé, trouva vis-à-vis de lui M. de Saint-Germain, que le maréchal de Broglie lui opposait.

Cependant le Prince héréditaire, qui supportait avec peine la fatalité qu'il avait eue le jour de Corbach, ne tarda pas à prendre sa revanche. Il partit du camp à la sourdine, et enleva un détachement entier de trois mille Français à Kirchhayn,a avec le brigadier Glaubitz, qui le commandait, et le prince de Cöthen. D'un autre côté, M. de Broglie ne restait pas dans l'inaction : il essaya d'enlever le corps de M. de Sporcken, et quoique ce général hanovrien se retirât à Volkmarsen, et que l'armée des alliés s'approchât pour le soutenir, son arrière-garde n'en fut pas moins maltraitée par les Français. Après cet échec, le prince Ferdinand prit une position à Calden pour couvrir Cassel, le Prince héréditaire, à Ober-Velmar, M. de Wangenheim, à Münchhof, et M. de Sporcken, à Westuffeln. L'armée française suivit les Allemands au delà de Freyenhagen, d'où le comte de Lusace se porta sur l'Éder, et M. Du Muy, sur Warbourg. Comme ce dernier corps ôtait aux alliés la communication avec l'évêché de Paderborn et la ville de Lippstadt, le Prince héréditaire et M. de Sporcken furent envoyés dans cette partie. L'armée des alliés les suivit immédiatement. Le Prince héréditaire avait déjà tourné M. Du Muy lorsque le prince Ferdinand arriva. L'action s'engagea tout de suite. Les Français, ayant perdu vingt pièces de canon et quatre mille hommes, se retirèrent à Volkmarsen, où peut-être on ne les aurait pas laissés tranquilles, sans un accident qui dérangea toutes les mesures que les alliés avaient prises.

Dès que le prince Ferdinand se fut éloigné de Cassel, M. de Broglie chargea le comte de Lusace du siége de cette place; mais à peine parut-il, que cette capitale se rendit à lui. Cette ville fut prise par les Français le même jour que M. Du Muy fut battu à Warbourg par les alliés. L'armée française marcha aussitôt à


a L'affaire de Kirchhayn, du 16 juillet, est appelée affaire d'Emsdorf par Tempelhoff et par Archenholtz, ainsi que par les Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1760, p. 380.