<98>Dans ces entrefaites, M. de Broglie étant retourné à Cassel, le prince Ferdinand prit le camp de Geismar. Cependant, comme les Français ne renonçaient pas au dessein de pénétrer dans l'électorat de Hanovre, le maréchal Broglie renforça le corps du comte de Lu-sace de seize mille hommes. Son intention était de surprendre M. de Wangenheim à Uslar. Ce général y fut attaqué le 19. La supériorité de l'ennemi l'obligea à se retirer, ce qu'il exécuta sans faire de pertes considérables. Aussitôt que le prince Ferdinand fut instruit de ce qui venait de se passer, il envoya des renforts à M. de Wangenheim, avec lesquels ce général retourna occuper son ancien poste. Le comte de Lusace, de son côté, se porta sur Lutterberg, et reprit Göttingue, tandis que d'autres détachements français s'emparèrent de Vach, Hersfeld, Eschwege et Mühlhausen, où ils établirent des magasins auxquels les duchés de Gotha et d'Eisenach furent obligés de fournir les livraisons. D'autres détachements s'étendirent de là dans la Thuringe, pour prêter la main aux troupes de l'Empire et à celles du duc de Würtemberg, qui s'avançaient alors vers l'Elbe du côté de Wittenberg et de Torgau. Le prince Ferdinand voyait clairement par les différentes mesures que prenaient les Français, que le maréchal de Broglie était intentionné de se maintenir durant l'hiver tant en Hesse que dans le pays de Hanovre; il crut ne pouvoir rompre autrement ce projet que par le moyen d'une puissante diversion, qui, en attirant ailleurs une partie des forces ennemies, lui donnerait jour à pouvoir entreprendre contre la partie de l'armée ennemie qui demeurerait vis-à-vis de lui.
Il se pressa d'exécuter ce projet, et il chargea du siége de Wésel son neveu, le Prince héréditaire, qui partit aussitôt à la tête de quinze mille hommes pour le Bas-Rhin. Ce prince renforça son corps, dans sa marche, de tout ce qu'il put tirer des garnisons de Münster et de Lippstadt, et dès le commencement d'octobre, il investit la ville de Wésel, dont la garnison consistait alors en deux mille six cents hommes. Il paraît que cette expédition devait être prompte pour réussir, et qu'en hasardant un coup de main, en glissant des troupes pourvues d'échelles du côté du Rhin, et en faisant en même temps une fausse attaque du côté de la porte de Berlin, il aurait été possible d'emporter