<14>bassadeurs russe et prussien, élut unanimement, le 7 septembre, Stanislas Poniatowski roi de Pologne; et ce prince fut reconnu pour tel par toutes les puissances de l'Europe.
Il fallut encore une troisième diète pour le couronnement. Les Czartoryski, oncles du nouveau roi, se prévalurent de la confédération qui subsistait encore, pour abolir entièrement le liberum veto; ce qui les aurait rendus les maîtres absolus des délibérations de cette république. Le roi de Prusse craignit que ces changements ne tirassent à conséquence, en introduisant un changement considérable dans le gouvernement d'une république aussi voisine de ses États que la Pologne; il en avertit la cour de Pétersbourg, qui entra dans ses vues; toutefois on laissa subsister la forme de la confédération jusqu'à la prochaine diète.
Ce ne furent ensuite que négociations infructueuses pour l'abolition d'une douane générale que la diète de convocation avait substituée à la douane de la noblesse; ce nouvel établissement, étant contraire au traité antécédent de Wehlau, autorisait le Roi à user de représailles envers la République. Le sieur de Goltza fut envoyé à Varsovie, pour concilier ce différend; on s'en remit à l'arbitrage de l'impératrice de Russie, et les nouvelles douanes furent abolies de part et d'autre.
La cour de Pétersbourg, mécontente de la conduite du roi de Pologne, et encore plus de la conduite des Czartoryski ses oncles, qui le gouvernaient, envoya à Varsovie le sieur de Saldern pour les observer et pour leur faire les remontrances convenables, afin qu'ils missent plus de modération et de sagesse dans leurs procédés. De Varsovie ce négociateur passa par Berlin, chargé de vastes projets; le comte Panin les avait formés, et il était porté par goût pour toutes les choses d'ostentation et d'éclat. Le sieur de Saldern,b qui n'avait ni manières, ni souplesse dans l'esprit, prit le ton d'un dictateur romain, pour obliger le Roi à consentir à l'accession de l'Angleterre, de la Suède, du Danemark et de la Saxe au traité de Pétersbourg. Ce projet, entièrement contraire
a Voyez t. V, p. 176.
b Le conseiller intime Gaspard de Saldern eut sa première audience le 20 mai 1766. Voyez Denkwürdigkeiten des Freiherrn Achatz Ferdinand von der Asseburg. Berlin, 1842, p. 168, et 415-422.