<159>préparé, ce jour, pour engager une affaire d'arrière-garde. Soit précipitation, soit ignorance, il n'attendit pas que les Prussiens fussent en marche pour les attaquer, et engagea sur notre gauche une affaire de poste. La brigade de Keller,b qui occupait une hauteur de cette extrémité, se défendit vaillamment, et repoussa l'ennemi avec perte de quatre cents hommes. Cela fait, les troupes se rendirent à l'endroit de leur destination. Le Prince héréditaire partit de Schatzlar avec dix bataillons; il fut joint à Münsterberg par trente escadrons de l'armée du Roi, avec lesquels il se mit en chemin pour la Haute-Silésie, où il prit le commandement de tout le corps qui se trouvait dans cette province. Il arriva à Troppau vers la fin de septembre. Le renfort qu'il menait dans la Haute-Silésie, était calculé pour contrebalancer un détachement à peu près de la même force, que l'Empereur envoyait à M. d'Ellrichshausen, et qui aurait donné aux Impériaux une supériorité trop considérable sur M. de Stutterheim, si l'on n'y avait pourvu à temps.

Cette campagne s'était bien vite terminée; on était à la fin de septembre; la saison des opérations militaires n'était point écoulée : on devait donc soupçonner que l'ennemi ne s'en tiendrait pas là, et qu'après avoir observé pendant la campagne une défensive aussi restreinte que celle que nous avons rapportée, il couvait encore quelque dessein, et méditait peut-être de faire une campagne d'hiver. Deux points principaux pouvaient être les objets d'une irruption pour les Autrichiens : l'un, d'attaquer en force le corps du Prince héréditaire; l'autre, de forcer les passages de la Lusace. Un empereur jeune et ambitieux, à la tête de ses troupes, qui brûlait de se signaler par quelque coup d'éclat, donnait un air de vraisemblance aux projets qu'on lui supposait, ce qui méritait assurément un examen réfléchi. Les tentatives que l'ennemi pouvait méditer sur la Haute-Silésie, paraissaient les plus faciles : il avait de gros magasins à Olmütz, et la facilité de transporter ses subsistances; de plus, il ne fallait que chasser les Prussiens de Troppau pour les forcer à abandonner l'Oppa et à se retirer vers Cosel et Neisse. Le dessein de pénétrer en Lusace


b Jean-George-Guillaume baron de Keller, chef du régiment d'infanterie no 37, était né en 1710. Il devint général-major en 1771.