<164>usurpation de la Bavière, se frayât un chemin, soit pour tomber sur le roi de Sardaigne en Italie, ce qu'on craignait fort à Turin, soit pour pénétrer avec plus de facilité en Alsace et dans la Lorraine. L'électeur de Saxe était cousin de Louis XVI, et le prince de Deux-Ponts, son protégé. Néanmoins c'aurait été manquer de prudence que de confier entièrement les intérêts de la Prusse et de l'Allemagne à un ministère sans vigueur, et qui, n'ayant aucune volonté ferme, était susceptible de se laisser ébranler par les machinations et les représentations insidieuses de la cour de Vienne. Pour prémunir M. de Maurepas contre toute proposition des Autrichiens directement opposée à la pacification de l'Allemagne, le Roi lui envoya un mémoire raisonné qui contenait les motifs pourquoi telle condition de paix pouvait être acceptable, et pourquoi l'on n'en pouvait pas admettre une contraire, avec un résumé des articles principaux et indispensables pour la paix générale. Cette pièce fit un effet si avantageux, que la France l'admit pour base de la négociation dont elle s'était chargée à Vienne. M. de Breteuil, ambassadeur de France à cette cour, éprouva de la part de l'Empereur des difficultés qui renaissaient à chaque proposition qu'il mettait en avant; mais cela n'empêcha pas l'Impératrice-Reine d'admettre le projet de pacification tel que la France l'avait minuté.

Sur ces entrefaites, le prince Repnin arriva à Breslau de la part de l'impératrice de Russie; il y parut plus sous les dehors d'un ministre plénipotentiaire qui venait dicter de la part de sa cour des lois à l'Allemagne, qu'avec les apparences d'un général destiné à conduire un corps auxiliaire à l'armée prussienne. L'impératrice de Russie, fière de ce que l'Impératrice-Reine avait requis ses bons offices pour le rétablissement de la paix, se croyait pareille aux dieux d'Homère, qui réglaient par des paroles le sort des misérables humains. Le Roi avait proposé à la cour de Pétersbourg d'employer, le printemps suivant, le corps des Russes contre la Lodomirie et la Gallicie, où il y avait peu de troupes; de pénétrer en Hongrie, où l'approche des Russes aurait fait révolter tous ceux de la religion grecque qui étaient répandus dans la Croatie, dans la Hongrie, dans le banat de Témeswar et dans la Transylvanie; le Roi s'était même offert d'y joindre un corps