<172>dans de pareilles circonstances, lors même que la cour de Vienne paraissait intentionnée sérieusement de terminer la guerre, un général Wallis avec huit ou dix mille hommes se soit présenté tout à coup devant la ville de Neustadt, où le régiment de Prusse et le bataillon de Preussa étaient en garnison? L'ennemi, ne pouvant emporter la ville, y jeta tant de grenades royales d'une vingtaine d'obusiers qu'il menait avec lui, que le feu prit aux toits de bardeau dont la plupart des maisons sont couvertes, et que deux cent quarante habitations furent consumées par les flammes. Mais la garnison tint bon. Le général Stutterheim, averti du mouvement des ennemis, les prit à dos vers Branitz; les troupes cantonnées à Rosswalde vinrent sur un flanc des Autrichiens, des détachements de Neisse, sur l'autre. Wallis, ne pouvant pas s'arrêter plus longtemps sans risquer tout son corps, se retira sur Zuckmantel, et fut poursuivi et convoyé jusque dans son repaire. Cette expédition, méditée par l'Empereur, avait été prescrite au général Wallis. Ce prince, supposant le roi de Prusse ardent et d'une vivacité étourdie, croyait qu'en aigrissant son esprit par l'incendie d'une de ses villes, il le rendrait plus renitent et plus difficile pour la négociation qui devait s'entamer, et que peut-être l'humeur qu'il en aurait, le porterait à la rompre; mais cette indigne expédition des Autrichiens ne tourna qu'à leur honte.
Peu après, le prince Repnin reçut une dépêche de M. de Breteuil, qui lui marquait combien l'Impératrice-Reine désirait impatiemment une suspension d'armes; le 4 mars, le Roi reçut ces nouvelles à Silberberg, et donna ordre à ses généraux de prendre des mesures avec ceux des ennemis pour régler avec eux la trêve qu'on avait proposée. Le 7 fut le terme marqué pour celle de la Bohême; le 8, pour celle de la Haute-Silésie et de la Moravie; le 10, pour celle de la Saxe et de la Bohême. Ce terme arrivé, on mit les troupes dans des quartiers plus étendus, pour leur procurer plus d'aisance, et éviter surtout les maladies contagieuses
a Quant au régiment de Prusse, voyez t. IV, p. 161.
Louis-Ernest de Preuss, né en 1724, devint en 1773 major au régiment du margrave Henri, et commandeur d'un bataillon de grenadiers formé des compagnies de grenadiers des régiments du margrave Henri, no 42, et du général de La Motte Fouqué, no 33. Cette brillante défense de Neustadt lui valut l'ordre pour le mérite.