<193>parce que le ciel vous a doué des plus rares talents. Qu'elle se rappelle que Lucullus n'avait jamais commandé d'armée quand le sénat romain l'envoya dans le Pont. A peine y fut-il arrivé, que, pour son coup d'essai, il battit Mithridate. Que Votre Majesté Impériale remporte des victoires, je serai le premier à l'applaudir; mais j'ajoute que ce ne soit pas contre moi. Je suis avec tous les sentiments de la plus parfaite estime et de la plus haute considération,



Monsieur mon frère,

de Votre Majesté Impériale
le bon frère et cousin,
Federic.

V. LETTRE DE L'EMPEREUR.

De Königingrätz, le 19 avril 1778.



Monsieur mon frère,

La lettre amicale que Votre Majesté vient de m'écrire, me touche sensiblement, et si la haute considération et, j'ose le dire, vraie amitié que j'ai toujours eue pour sa personne, pouvait augmenter, certainement qu'elle serait bien faite pour cela. Je vais donner part à Sa Majesté l'Impératrice-Reine des intentions remplies d'humanité qu'elle contient, et qui sont dignes d'un aussi grand homme qu'elle. Je puis d'avance l'assurer que Sa Majesté a déjà donné et donnera encore à Cobenzl les instructions nécessaires pour recevoir et se prêter à toutes les propositions conciliatoires qui seront décentes et possibles, tant à ce que Sa Majesté se doit à elle-même qu'à son État, afin d'éloigner, tant pour ce moment que pour les occasions à venir, le fléau de la guerre entre nos Etats respectifs. Quelque difficile que cela paraisse, si l'on veut bien, cela pourra réussir, et nous aurons par là acquis tous deux une gloire bien plus réelle que ne seraient toutes les victoires;