<64>pas d'un changement de règne. Cependant, malgré la fierté qu'affichaient ces deux cours, sentant également le besoin de rétablir la paix, et dégoûtées de tant de congrès inutilement assemblés, elles tentèrent un nouveau moyen de conciliation : elles renouèrent une négociation directe entre le grand vizir et le maréchal Romanzoff. Mais cette négociation s'accrocha également, tant à l'égard de l'indépendance de la Crimée que de la cession des places que la Russie demandait; cette affaire traîna ainsi languissamment jusqu'au mois de juin, où la campagne s'ouvrit.
Pour éviter un engagement général, le grand vizir avait choisi son camp sur les montagnes de la Bulgarie, et il n'opposait à M. de Romanzoff que de gros détachements. Celui-ci, désirant de rétablir sa réputation, qui avait un peu souffert par les opérations malheureuses de sa dernière campagne, après avoir passé le Danube avec son armée, trouva le moyen de tourner celle du grand vizir avec des corps détachés, qui défirent toutes les troupes qu'ils rencontrèrent. Alors M. de Romanzoff fortifia ces corps, dont l'un fut assez heureux pour défaire et pour enlever un convoi considérable destiné pour la grande armée turque. Dès lors le vizir se vit comme affamé dans son propre camp. Le général Kamensky lui coupa la communication avec Adrianople. Si ce Turc avait eu de la hardiesse, il se serait rouvert cette communication l'épée à la main, d'autant plus que la plus grande partie de ses troupes, manquant de nourriture, l'abandonnèrent après avoir pillé son propre camp. Cela fit tourner la tête à ce malheureux grand vizir, et il se crut obligé de signer toutes les propositions de paix que le maréchal Romanzoff voulut lui prescrire.
Cette paix produisit l'indépendance de la Crimée; elle valut aux Russes la cession des places d'Asow, de Kinburn et de Jenikale; les Turcs leur accordèrent en outre la libre navigation dans l'Hellespont, dans la Propontide et dans l'Archipel, et une somme de quatre millions et demi de roubles en forme d'indemnisation pour les frais de la guerre. Ces préliminaires si flatteurs pour la gloire de l'impératrice Catherine furent signés le 10a juillet 1774, dans le camp du maréchal Romanzoff. Le grand vizir ramena
a Le 21, nouveau style.