<65>sans différer le peu de troupes qui lui restaient, à Adrianople, où il mourut de chagrin et de douleur

La prospérité dont jouissait l'empire de Russie par les avantages qu'il acquérait sur les Turcs, était contre-balancée par l'inquiétude que la révolte des Cosaques lui causait. Ce Pugatscheff qui était à la tête des rebelles, eut l'adresse d'attirer dans son parti les peuples qui habitent les bords du Jaïk, jusqu'à ceux qui habitent les environs de Moscou; la noblesse même commençait à se laisser séduire, et il ne manquait à ce chef de parti que l'assistance de la fortune pour consommer la révolution qu'il se proposait de faire dans cet empire. Mais la paix qui venait d'être conclue avec les Turcs, fit avorter toutes ses entreprises : les troupes que l'Impératrice retirait de la Romélie, furent employées contre le rebelle; elles l'entourèrent de tous côtés, dissipèrent son parti, et lui coupèrent la retraite; enfin, trahi par un de ses adhérents, il fut livré aux Russes, et condamné au supplice qu'il avait mérité.

Pendant tout ce temps-là, la diète de Pologne et la délégation travaillaient à ce qu'on disait être la réforme du gouvernement. Tout ce qui concernait le conseil permanent fut réglé : on assigna des fonds pour l'entretien du Roi, que l'on fixa à la somme d'un million deux cent mille écus. On destina d'autres fonds pour l'entretien de l'armée. L'article qui regardait les dissidents, étant regardé comme le plus délicat par crainte de la fermentation qu'il pouvait causer dans les esprits, fut réservé pour la fin de la diète.

Une nouvelle rumeur se répandit alors en Pologne : la nation jetait les hauts cris sur ce qu'on disait que les Autrichiens et les Prussiens ne mettaient point de bornes à l'extension de leurs limites. Ces plaintes n'étaient pas tout à fait dépourvues de raison; car les Autrichiens, en abusant d'une carte peu exacte de la Pologne, comme elles l'étaient toutes, ayant confondu le nom de deux rivières, la Sobrucze et la Podhorze, avaient, sous ce prétexte, étendu leurs limites bien au delà de ce qui leur était assigné par le traité de partage. Or, on était convenu que les différents partages se feraient avec une si parfaite égalité, que les portions échues aux trois puissances ne seraient pas plus considérables les unes que les autres. Comme donc les Autrichiens avaient enfreint