CHAPITRE II.
Des finances.
Les princes doivent être comme la lance d'Achille, qui faisait le mal et qui le guérissait : s'ils causent des maux aux peuples, leur devoir est de les réparer. Sept années de guerre contre presque toutes les puissances de l'Europe avaient à peu près épuisé les finances de l'État; la Prusse, les provinces du Rhin et celles de la Westphalie, de même que l'Ost-Frise, n'ayant pu être défendues, étaient tombées au pouvoir des ennemis. Leur perte causait un déchet de trois millions quatre cent mille écus dans les caisses royales, tandis que la Poméranie, l'Électorat, et les confins de la Silésie étaient occupés, pendant une partie de la campagne, par les Russes, les Autrichiens et les Suédois, ce qui les mettait hors d'état d'acquitter leurs contributions. Cette situation embarrassante obligea d'avoir recours, pendant cette guerre, à l'économie la plus resserrée, et à ce que la valeur la plus déterminée peut suggérer, pour la conduire à une fin heureuse. Les ressources dont on avait un besoin urgent, se trouvaient dans les contributions de la Saxe, dans les subsides anglais, et dans l'altération des monnaies, remède aussi violent que préjudiciable, mais unique dans ces conjonctures pour que l'État pût se soutenir. Ces moyens, bien ménagés, fournirent tous les ans aux caisses royales les avances des frais de la campagne et de la paye de l'armée. Tel était l'état des finances lorsque la paix de Hu-