<79>Neufvillea et d'autres marchands étrangers occasionna la faillite de quelques marchands prussiens : le crédit serait tombé, si, par l'intervention de la banque, il n'avait été soutenu et relevé. Bientôt le change se mit au pair; les marchands convinrent alors, convaincus par les effets, que cet établissement était utile et nécessaire à leur commerce. Déjà la banque avait des comptoirs dans toutes les grandes villes du royaume; mais elle avait, de plus, des mai sons dans toutes les places commerçantes de l'Europe; cela facilitait la circulation des espèces, les payements des provinces, en même temps que le lombard empêchait les usuriers de ruiner les manufacturiers pauvres, qui ne pouvaient pas assez promptement débiter leur ouvrage. Outre le bien qui en revenait au public, la cour se préparait, par le crédit de la banque, des ressources pour les grands besoins de l'État.

Les princes sont, comme les particuliers, dans le cas d'amasser d'un côté, s'ils ont d'un autre des dépenses à faire. Les bons agriculteurs conduisent des ruisseaux, et s'en servent pour arroser les terrains arides, qui, faute d'humidité, ne seraient d'aucun rapport; par le même principe, le gouvernement augmentait ses revenus, pour les employer aux dépenses nécessaires au bien public. Il ne se borna point à rétablir ce qui était détruit par la guerre; il voulut perfectionner tout ce qui en était susceptible. Il se proposa donc de tirer parti de toute sorte de terrain, en défrichant les marais, en perfectionnant la culture des terres par l'augmentation des bestiaux, et même en rendant le sable utile par les bois qu'on y pouvait planter.

Quoique nous entrions dans de petits détails, nous nous flattons néanmoins qu'ils pourront intéresser la postérité. La première entreprise de cette espèce regarde la Netze et la Warthe,a dont on défricha les bords, après avoir saigné les eaux croupissantes par différents canaux qui menaient diversement ces eaux vers l'Oder; l'ouvrage coûta sept cent cinquante mille écus, et


a Léonard de Neufville, à Amsterdam. Voyez Geschichte eines patriotischen Kaufmanns (J. E. Gotzkowsky), 1768, in-8, p. 183-187. Le Roi lui-même, dans une lettre à la duchesse de Gotha, datée du 6 septembre 1763, parle déjà de ces grandes banqueroutes d'Amsterdam et de Hambourg.

a Voyez (A. G. Meissner) Leben Franz Balthasar Schönberg von Brenkenhoff. Leipzig, 1782. p. 80 et suivantes.