<80>trois mille cinq cents familles y furent établies. La noblesse et les villes situées vers ces rivières augmentèrent considérablement leurs revenus. Cet ouvrage, achevé dès l'an 1773, comptait déjà alors le montant de sa population à quinze mille âmes. On saigna ensuite le lac de la Madue et les marais qui vont à Friedeberg, où l'on établit quatre cents familles étrangères. En Poméranie, on saigna le lac de la Leba, au moyen de quoi la noblesse gagna trente mille journaux en prairies. De pareils établissements se firent également aux environs de Stargard, de Cammin, de Treptow, de Rügenwalde et de Colberg. Dans la Marche, on saigna les marais de la Havel, ceux du Rhin vers Fehrbellin, ceux du Finow entre Rathenow et Ziesar, sans compter l'argent employé à l'amélioration des terres de la noblesse, qui montait à des sommes considérables. En même temps, on élevait en Frise, dans le Dollart, des digues par le moyen desquelles on regagnait pied à pied le terrain que la mer avait submergé en 1724.a On établit dans le pays de Magdebourg deux mille familles nouvelles; leurs bras y étaient d'autant plus nécessaires, qu'auparavant les paysans de la Thuringe y venaient aider à faire la récolte; depuis, on se passa d'eux. La couronne possédait trop de métairies : plus de cent cinquante furent changées en villages, et ce qu'elle y perdit de revenus, lui fut richement récompensé par l'augmentation de la population. Une métairie ne contient guère plus de six personnes, et dès qu'elles se convertirent en villages, elles eurent trente habitants chacune pour le moins. Quelque soin que se fût donné le feu roi pour repeupler la Prusse, qui, en l'année 1709, avait été désolée par la peste, il n'était point parvenu à la remettre dans l'état florissant où elle était avant que ce fléau l'eût abîmée. Le roi régnant ne voulut pas que cette province le cédât à d'autres, et depuis la mort de son père, il l'avait augmentée de treize mille familles nouvelles; et si par la suite on ne la néglige point, sa population pourra s'accroître de plus de cent mille âmes.

La Silésie ne méritait pas moins d'attention et de soins pour son rétablissement que les autres provinces. On ne se contenta pas de remettre les choses sur l'ancien pied, on voulut les perfectionner; on rendit les prêtres utiles, en obligeant tous les riches


a Peut-être l'Auteur veut-il parler de la grande inondation de 1277.