<110>professeur la règle qu'il doit suivre en enseignant dans ses colléges. En voici l'ébauche :
Mettons le géomètre et le théologien de côté, parce qu'il n'y a rien à ajouter à l'évidence du premier, et qu'il ne faut point choquer les opinions populaires du dernier. Je trouve d'abord le philosophe. J'exigerais qu'il commençât son cours par une définition exacte de la philosophie; qu'ensuite, en remontant aux temps les plus reculés, il rapportât toutes les différentes opinions que les hommes ont eues, selon l'ordre des temps où ont fleuri ceux qui les ont enseignées. Il ne suffirait pas, par exemple, de leur dire que les stoïciens admettaient dans leur système que les âmes humaines sont des parcelles de la Divinité. Quelque belle et sublime que soit cette idée, le professeur fera remarquer qu'elle implique contradiction, parce que, si l'homme était une parcelle de la Divinité, il aurait des connaissances infinies, qu'il n'a point; parce que, si Dieu était dans les hommes, il arriverait à présent que le Dieu anglais se battrait contre le Dieu français et espagnol; que ces diverses parties de la Divinité tâcheraient de se détruire réciproquement, et qu'enfin toutes les scélératesses, tous les crimes que les hommes commettent, seraient des œuvres divines. Quelle absurdité d'admettre de pareilles horreurs! Donc elles ne sont pas vraies. S'il touche au système d'Épicure, il s'arrêtera surtout sur l'impassibilité que ce philosophe attribue à ses dieux, ce qui est contraire à la nature divine; il n'oubliera pas d'insister sur l'absurdité de la déclinaison des atonies, et sur tout ce qui répugne à l'exactitude et à la liaison du raisonnement. Il fera sans doute mention de la secte acataleptique, et de la nécessité où les hommes se trouvent souvent de suspendre leur jugement en tant de matières métaphysiques où l'analogie et l'expérience ne sauraient leur prêter de fil pour se conduire dans ce labyrinthe. Ensuite il en viendra à Galilée : il exposera nettement son système; il ne manquera pas d'appuyer sur l'absurdité du clergé romain, qui ne voulait pas que la terre tournât, qui se révoltait contre les antipodes, et qui, tout infaillible qu'il croyait être, perdit, à cette fois au moins, son procès devant le tribunal de la raison. Viendra ensuite Copernic, Tycho Brahé, le système des tourbillons. Le professeur démontrera à ses auditeurs l'impossibilité