<111>du plein, qui s'opposerait à tout mouvement;a il prouvera évidemment, malgré Des Cartes, que les animaux ne sont pas des machines. Ceci sera suivi de l'abrégé du système de Newton, du vide, qu'il faut admettre, sans qu'on puisse dire si c'est une négation d'existence, ou si ce vide est un être à la nature duquel nous ne pouvons attacher aucune idée précise. Cela n'empêchera pas que le professeur n'instruise son auditoire du parfait rapport de ce système, calculé par Newton, avec les phénomènes de la nature; et c'est ce qui obligea les modernes d'admettre la pesanteur, la gravitation, la force centripète et la force centrifuge, propriétés occultes de la nature, inconnues jusqu'à nos jours. Ce sera alors le tour de Leibniz, du système des monades et de celui de l'harmonie préétablie. Le professeur fera remarquer sans doute que sans unité point de nombre. Donc il faut admettre des corps insécables dont la matière soit composée. Il fera observer, de plus, à son auditoire qu'idéalement la matière peut se diviser à l'infini; mais que, dans la pratique, les premiers corps, pour être trop déliés, échappent à nos sens, et qu'il faut de toute nécessité des premières parties indestructibles qui servent de principes aux éléments; car rien ne se fait de rien, et rien ne s'anéantit. Ce professeur représentera le système de l'harmonie préétablie comme le roman d'un homme de beaucoup de génie;b et il ajoutera sans doute que la nature prend la voie la plus courte pour arriver à ses fins; il remarquera qu'il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité.c Viendra ensuite Spinoza, qu'il réfutera sans peine, en employant les mêmes arguments dont il s'est servi contre les stoïciens; et s'il prend ce système du côté où il paraît nier l'existence du premier être, rien ne lui sera plus facile que de le réduire en poudre, surtout s'il fait voir la destination de chaque chose, le but pour lequel elle est faite. Tout, même jusqu'à la végétation d'un brin d'herbe, prouve la Divinité; et si l'homme jouit d'un
a Dans son Épître à d'Argens, sur la faiblesse de l'esprit humain, 1749, le Roi a tiré parti du vers suivant de Boileau sur le plein de Des Cartes (Ép. V, v. 32) :
Comment, tout étant plein, tout a pu se mouvoir.
b Voyez t. I, p. 125, 262 et 263; t. II, p. 43.
c Voyez t. VI, p. 15, et Friedrich der Grosse. Eine Lebensgeschichte von J. D. E. Preuss. Berlin, 1833, t. III, p. 162.