<112>degré d'intelligence qu'il ne s'est point donné, il faut, à plus forte raison, que l'être dont il tient tout, ait un esprit infiniment plus profond et plus immense. Notre professeur ne mettra pas Malebranche tout à fait de côté. En développant les principes de ce savant père de l'Oratoire, il montrera que les conséquences qui en découlent naturellement, ramènent à la doctrine des stoïciens, à l'âme universelle dont tous les êtres animés font partie. Si nous voyons tout en Dieu, si nos sensations, nos pensées, nos désirs, notre volonté émanent directement de ses opérations intellectuelles sur nos organes, nous ne devenons que des machines mues par des mains divines. Dieu reste seul, et l'homme disparaît. Je me flatte que M. le professeur, s'il a le sens commun, n'oubliera pas le sage Locke, le seul des métaphysiciens qui a sacrifié l'imagination au bon sens, qui suit l'expérience autant qu'elle peut le conduire, et qui s'arrête prudemment quand ce guide vient à lui manquer. Est-il question de morale, M. le professeur dira quelques mots de Socrate; il rendra justice à Marc-Aurèle, et il s'étendra plus amplement sur les Offices de Cicéron, le meilleur ouvrage de morale qu'on ait écrit et qu'on écrira.a
Je ne dirai que deux mots aux médecins. Ils doivent surtout accoutumer leurs élèves à bien examiner les symptômes des maladies, pour en bien connaître le genre. Ces symptômes sont : un pouls rapide et faible, un pouls fort et violent, un pouls intermittent, la sécheresse de la langue, les yeux, la nature de la transpiration, les sécrétions, tant urines que matières fécales; dont ils peuvent tirer des inductions pour apprécier moins vaguement le genre de marasme qui cause la maladie; et c'est sur ces connaissances qu'ils doivent faire choix des remèdes convenables. Le professeur fera, de plus, soigneusement observer à ses écoliers la prodigieuse différence des tempéraments, et l'attention qu'ils exigent. Il promènera la même maladie de tempérament en tempérament; il insistera principalement sur la nécessité d'observer combien, dans la même maladie, la médecine doit être proportionnée à la compétence de la constitution du patient. Je n'ose pas néanmoins présumer qu'avec toutes ces instructions ces jeunes Esculapes fassent des miracles. Le gain que le public y
a Voyez ci-dessus, p. 70.