<12>prix, se joignait à ces titres honorables. Le Roi l'appelait souvent près de sa personne. Il voyait son prince, l'entendait, et sortait content.
L'Académie, à son renouvellement, nomma M. Duhan un de ses honoraires. Il était à tous les égards bien digne de ce choix. Outre quelques pièces de littérature que sa modestie l'empêchait de produire, il avait fait des extraits pour servir à l'histoire de Prusse et de Brandebourg. Cet ouvrage a exigé beaucoup de soins et de recherches, et la manière dont il a rassemblé ces matériaux, doit faire regretter qu'il n'ait pas eu le temps de les mettre en œuvre.
M. Duhan suivit le Roi à la campagne de 1741. Il fut attaqué, peu après son retour, d'une maladie qui ne paraissait rien d'abord, mais à laquelle son éloignement presque invincible pour les remèdes laissa faire bientôt de grands progrès. Il languit assez longtemps, et supporta ses maux avec toute la patience que l'on pouvait attendre de la fermeté de son caractère et de la douceur de ses mœurs. Le Roi, couronné par la victoire et par la paix, se déroba au tumulte de son triomphe pour aller le visiter le jour même de son arrivée, et les derniers moments de M. Duhan furent consacrés à la reconnaissance et à l'admiration. Il mourut le 3 de janvier 1746, avec le courage d'un philosophe et la piété d'un chrétien.
M. Duhan était savant, et unissait à un caractère doux et liant un esprit fort orné. Son commerce était agréable. Il vivait cependant d'une manière si retirée, que bien des gens auraient été tentés de le soupçonner d'un peu de misanthropie : les affaires, les lettres, et la société de quelques amis, partageaient tout son temps. Il a toujours conservé pour sa famille les sentiments essentiels à la véritable probité, et jamais le Roi n'a eu un sujet ni plus zélé ni plus fidèle. Les regrets que ce grand prince a donnés à sa perte, pourraient seuls former son éloge.